Lucky est un vieux cow-boy solitaire. Il passe ses journées à méditer, à fumer, à faire des mots croisés dans des lieux de la ville où il a ses habitudes. Il lui arrive de se montrer sociable, de s’attabler et de refaire le monde avec d’autres habitants du coin. Autrement, on le voit déambuler, de sa belle démarche souple et volontaire à travers l’agglomération où il vit, perdue au milieu du désert.

C’est un rebelle qui s’élève contre tout et surtout contre le temps qui passe et qui est en train de le rattraper. A quatre-vingt dix ans passés, il entre dans une période de quête spirituelle et poétique.

L’histoire de Lucky a été écrite pour le comédien Harry Dean Stanton dont on se souvient qu’il fut l’interprète du rôle principal dans « Paris, Texas » de Wim Wenders, qu’on retrouva dans «S ailor et Lula » ou « Twin Peak » pour ne citer que ces films-là parmi les plus de deux cents qu’il a tournés.

Le scénario n’était pas seulement destiné au comédien mais il a été écrit comme une lettre d’amour adressée au comédien et à l’homme, le scénariste étant un ami proche du comédien.

Et c’est ainsi que le film qui s’inspire de la vie même de Harry, de sa personnalité, des ses anecdotes est presque devenu une autobiographie.

Cinéma : Lucky
Cinéma : Lucky

L’histoire de Lucky est celle d’un homme qui prend conscience de son grand âge et que le reste de sa vie ne se compte plus en années mais en mois ou en semaines.

Et l’histoire du film est rendue particulièrement pathétique et émouvante quand on sait que Harry Dean Stanton est décédé récemment, quelques mois après la fin du tournage.

« Lucky» par sa construction, par son originalité, par le charisme de son interprète, par la présence au générique de personnalités comme David Lynch ou Ed Begley apparaît comme une œuvre atypique à la fois tendue et généreuse, aride et voluptueuse.

Il plane sur ce film, une sorte de nostalgie. On pourrait le coupler avec d’autres comme le documentaire « We Blew it» ( sorti récemment) pour prendre note d’un état d’esprit, d’un retour de l’Amérique sur ce qui a nourri entre autres son cinéma et plus particulièrement le western.

En ce début de siècle qui voit un bouleversement mondial profond dans tous les secteurs, où l’Amérique a choisi un président «surréaliste» et pourtant bien présent, n’assisterions-nous pas à un phénomène de repli, à l’ébauche d’un pas de côté, d’une distance avec le constat de cette nostalgie qui se généralisent pour les mouvements qui marquaient les années 60-70 ?

Francis Dubois


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