Photographe, écrivain, dessinateur, créateur de décors et de costumes pour le cinéma immortalisés par le «  My fair lady » de Cukor qui lui valut plusieurs oscars, ou par « Gigi  » de Vincente Minelli, Cecil Keaton se fait connaître dès la première exposition de ses photographies à Londres en 1926.

Il entre dans l’équipe du magazine «  Vogue  » comme photographe attitré, collaboration qui se poursuivra jusqu’en 1950.

Dès 1930, il réalise de nombreux portraits de célébrités comme celui de Lilian Gish, de Picasso en 1933, Marlon Brando en 1947, auxquels s’ajoureront ceux à ce jour toujours célèbres de Grace Kelly, d’Andy Warholl ou de Mick Jagger.

En 1953, il est choisi pour être le photographe du couronnement d’Elisabeth II, à la suite de quoi il deviendra le photographe attitré de la famille royale.

Après son départ de « Vogue  », devenu un photographe indépendant, il s’oriente vers le cinéma et le théâtre où il récolte de nombreuses récompenses.

Cinéma : Love, Cecil (Beaton)
Cinéma : Love, Cecil (Beaton)

Son travail acharné mêlé à son goût pour la beauté vont faire de ce garçon issu de la classe moyenne une des figures flamboyantes de l’Hollywood d’une grande partie du XXème siècle. Sans oublier qu’il fut dans les années quarante, reporter de guerre.

Lisa Immordino Vreeland a réalisé, en hommage à cette figure d’homme aux multiples facettes, un documentaire de toute beauté, sincère et émouvant, à hauteur d’un personnage qui se partage à égalité entre le dandy et celui qui a couvert d’un regard plus grave une partie de son siècle.

La plupart des images qui ponctuent le film proviennent de la production personnelle de Cécil Beaton que viennent compléter de nombreux extraits de journaux intimes lus entre autres par Ruppert Everett et les témoignages toujours amicaux, toujours admiratifs et reconnaissants de Leslie Caron, Julie Andrews, George Cukor, de Peter Eyre ou du peintre portraitiste et paysagiste David Hockney. Une sorte de puzzle qui échappe totalement au biopic classique et constitue un portrait resté étonnamment vivant d’un artiste, plus de quarante ans après sa mort.

On pouvait se demander quel intérêt représentait le fait de faire la lumière sur un personnage dont le souvenir est lointain, dont les qualités artistiques qui ne sont pas en cause mais ne concernent qu’un public réduit, limité à ceux qui gravitent autour des milieux cités dans le film, de la photographie, de la mode, du décor et des costumes au cinéma.

Mais ce serait ne pas reconnaître les qualités et la virtuosité du film de Lisa Immordino Vreelend qui vont chercher bien au-delà d’un retour sur un personnage qui a été célèbre en son temps et en font un objet cinématographique intemporel.

Un film vivant, drôle, fragile et puissant qui nous renvoie à une période sur laquelle, il n’est peut-être pas inutile de revenir pour se remémorer qu’on pouvait vivre et être créatif sans les technologies modernes et autres réseaux sociaux.

Francis Dubois


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