Les parois rocheuses de la grotte de Lourdes sont caressées par des dizaines de milliers de personnes chaque année. Ils y laissent l’empreinte de leurs rêves, de leurs attentes, de leurs espoirs et de leur dévotion à une vierge dont on soutient, documents à l’appui, qu’elle y a fait parfois des apparitions.

Thierry Demazière et Alban Teurlai (qui ne s’étaient jamais rendus à Lourdes avant la réalisation de leur documentaire) ont promené leur camera à l’occasion du grand rassemblement annuel et sont allés à la rencontre d’un certain nombre de pèlerins qui ont en commun leur croyance en la vierge, des fragilités diverses et un fond d’espérance même s’ils revendiquent dans la démarche de ce pèlerinage une autre attente que celle d’une guérison spectaculaire, de la disparition miraculeuse d’un handicap ou de l’éloignement d’une addiction.

Bien au-delà d’un film sur la foi, Thierry Demaizière et Alban Teurlai ont filmé Lourdes comme un grand théâtre anthropologique où se croisent des histoires qui, à des niveaux différents, sont toujours bouleversantes.

Des amis qui revenaient de Lourdes où ils s’étaient rendus comme hospitaliers et qui avaient du mal à le dire par peur des à-priori, leur avaient raconté leur expérience.

Leur récit a donné aux deux cinéastes l’idée d’un documentaire pour le cinéma d’autant plus qu’à ce jour aucun film de ce genre n’avait été réalisé même si le sujet avait donné lieu à des fictions ou à de nombreux reportages télévisés portant le plus souvent sur l’exploitation mercantile du phénomène.

Aucun film à ce jour n’avait été fait sur les pèlerins et sur le questionnement à propos des motivations profondes de cette foule ou sur ce que représente la vierge pour les participants assidus.

Le projet a reçu l’assentiment d’une maison de production à la condition de ne par porter sur l’événement un regard critique ou ironique.

« Lourdes  » réalisé par un agnostique et un athée n’est pas un film sur la religion mais une réalisation qui dépasse les limites de la foi même si la posture des intervenants, l’intensité de leur dévotion à la vierge, leur dévouement aux autres, renvoient le film à l’état d’un creuset d’humanité chargé des règles de la religion.

Le film suit une dizaine de personnes d’origine, de génération et de condition différentes, allant du travesti du Bois de Boulogne au militaire rigide en passant par des gitans, en passant par l’enfant souffrant d’une maladie rare confondant d’énergie et d’attention à l’autre.

« Lourdes  » met en scène une foule dont la posture et les propos conduisent à se poser différentes questions : « que viennent chercher ces gens, qu’attendent-ils en retour de gestes rituels tels que la caresse de la roche ou quand ils se plongent dans de ferventes prières » ?

Cinéma : Lourdes
Cinéma : Lourdes

Il y a les témoignages d’Isidore le travesti, de Jean atteint de la maladie de Charcot, de Céline souffrant d’épilepsie, d’une famille de gitans fidèles au rassemblement d’année en année, de Jean-Baptiste un enfant venu avec son père pour lui et pour son petit frère incapable de se déplacer ou de ce couple âgé modeste accompagnant leur fils en fauteuil roulant, victime d’un accident, tous unis dans le recueillement et l’entraide, dans ce même élan de ferveur et d’espoir…

Le film interroge plus qu’il ne renseigne sur le phénomène…

Francis Dubois


Bienvenue sur le blog Culture du SNES-FSU.

Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.

Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu