Échouée à New-York, Lillian, une ressortissante russe, décide de rentrer à pied dans son pays d’origine. Seule et déterminée, elle entame un très long voyage à travers l’Amérique profonde pour tenter d’atteindre l’Alaska et traverser le Détroit de Béring. Le film raconte le périple de cette jeune femme lancée tête baissée dans un véritable défi.

Le point de départ de « Lillian » est l’histoire véridique d’une femme qui a, un jour, décidé de rejoindre la Russie à pied depuis New-York et qui, malgré les mises en garde et sans doute consciente des dangers qui pouvaient menacer, a entrepris de poursuivre sa marche en direction du Détroit de Bering. La Métropole de New-York, un champ de maïs dans le Midwest, une plage isolée sur le Détroit de Béring. Ces trois lieux, quand on les rejoint, forment une ligne qui trace le parcours de Lillian Alling.

C’est cet itinéraire qu’Andreas Horwat a gardé à l’esprit et respecté pendant le tournage.

Cinéma : Lillian
Cinéma : Lillian

Le film insiste sur ce que Lillian Alling a fait et non pas sur ce pourquoi elle l’a fait. Il est possible que la vraie Lillian ait souffert de dromomanie, sorte d’amnésie dissociative, d’impulsion à se déplacer qui amène la personne atteinte à fuguer instinctivement et qui peut arriver, à force d’errance, à se retrouver sans qu’elle en ait fait consciemment le choix, à l’autre bout du monde.

Pour la Lillian du film, aucune allusion à ce syndrome mais une forte détermination à conduire jusqu’au bout son projet correspondant au désir de rejoindre la Russie et à lancer un défi dont elle a sans doute insuffisamment mesuré les risques au moment de s’aventurer.

Le film d’Andréas Horwat repose sur cet acharnement à avancer quels que soient les obstacles et sur les rencontres qui vont, tout au long, ponctué son voyage.

Dans le film, Lillian apparaît comme une sorte de salamandre qui sort indemne de toutes les épreuves qu’elle doit dépasser qui, mises bout à bout, sont l’occasion de dresser le portrait d’une Amérique sous-représentée au cinéma.

Partant de New-York, Lillian traverse des ruines industrielles, les labyrinthes des autoroutes, les prairies désertes des Sand Hills du Nebraska jusqu’au Missouri, les champs de maïs bucoliques de Corn Belt, la nature sauvage du Parc national des Badlands dans le Sud du Dakota, croise des manifesttions politiques.

Mais pour tout ce qui touche aux rencontres que fait Lillian, le film est essentiellement le produit de l’improvisation et du hasard. Ce ne sont que des rencontres fortuites qui se sont, au fur et à mesure, intégrées à l’histoire.

La traversée de l’Amérique au rythme de la marche à pied permet un regard complètement nouveau sur le pays, sa grande diversité de paysages mais aussi des ethnies qui composent la population de mentalités contrastées.

Patricja Planik apporte, par son jeu, par le regard à la limite de l’indifférence qu’elle pose sur ce qui survient, une sorte d’opacité, d’étrangeté qui donnent une autre consistance au récit et le charge d’une forme singulière de mystère.

Passionnant. Pathétique…

Francis Dubois


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