A la fin des années soixante du dix-neuvième siècle, un groupe d’insurgés tente de relancer les mouvements de 1848 contre l’Empire austro-hongrois.

Les derniers partisans représentent un espoir pour les pauvres et un danger pour les classes privilégiées soucieuses de garder leurs avantages.

Le Comte Gédéon Roday, commissaire général a décidé de les poursuivre et de les exterminer par tous les moyens.

La tentative de soulèvement échoue. Elle est rapidement écrasée et les prisonniers sont enfermés dans un fortin isolé où sont regroupés des paysans soupçonnés de faire partie des sans-espoirs. Tous sont destinés à une mort certaine.

Ces hommes démunis, exposés à toutes sortes d’humiliations, sont soumis à la cruauté de l’armée. Pour tenter d’échapper à leur exécution, certains sont prêts à dénoncer leurs camarades de combat.

« Les Sans-Espoir »(Palme d’Or Festival de Cannes 1966) est une parabole sur les mécanismes du pouvoir, sur la spirale de la délation et sur la déshumanisation aveugle qu’entraîne une situation extrême.

Cinéma : les sans-espoir
Cinéma : les sans-espoir

Cette restauration du film de Miklos Jancso.va permettre de redécouvrir l’immense talent et l’engagement d’un cinéaste injustement oublié et qui fut très prolifique à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix.

« Les Sans-Espoir » rendait compte des mouvements révolutionnaires de 1848 contre l’Empire austro-hongrois. Mais Jancso s’attacha également à une période plus récente et réalisa également une trilogie sur les luttes contre-révolutionnaires des années 1918-1919. « Rouge et Blanc  » (1967) «  Silence et cri » (1968) et «  Agnus Dei  » (1971).

En 1972, il réalise «  Psaume Rouge  » (Prix de la mise en scène au Festival de Cannes) qui retrace les révoltes paysannes au XIX ème siècle.

Les films de Miklos Jancso sont des œuvres engagées, militantes mais la force du message que chacun véhicule passe par une démarche cinématographique forte. L’esthétisme des «  Sans-Espoir » réside dans une grande sobriété de l’image, un noir et blanc magnifique, de long plans séquences, des cadrages parfaits, et des mouvements d’ensemble conduits aux limites de la chorégraphie.

La force du cinéma de Jancso réside sans doute dans la façon de faire cohabiter un esthétisme sobre mais évident et un propos politique sans que l’un ne pâtisse jamais de l’autre.

C’est ainsi, que ni par le fond, ni par la forme, ce cinéma n’a pris la moindre ride. Il est resté intact et rien, à aucun moment n’indique que ces images sont vieilles de cinquante ans. Le cinéma de Jancso est intemporel et il l’est d’autant plus que la situation où se trouvaient les sans-espoirs cent cinquante ans auparavant n’est pas sans rappeler par son aveuglement cruel une réalité bien actuelle.

Le cinéma de Miklos Jancso est à (re)découvrir.

Ses films sont des pépites, de véritables joyaux.

Francis Dubois


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