«Ici on ne fait pas de politique, on la vit»

C’est la formule qui pourrait convenir à Liminbout, un hameau où vivent une dizaine d’habitants, situé au cœur de Notre-Dame-des Landes.

Agriculteur historique, paysans syndicalistes, locataires surendettés et squatters, tous apprennent à vivre ensemble et à lutter contre le projet de l’aéroport «Grand Ouest» qui, s’il venait à se réaliser, signifierait leur expropriation et leur expulsion.

Loin des représentations habituelles de la ZAD (zone à défendre) et des zadistes, «Les pieds sur terre» est une immersion dans le huis-clos de ce minuscule village qui est devenu au fil des années,le symbole de la lutte.

Cinéma : Les pieds sur terre
Cinéma : Les pieds sur terre

En 2012, la lutte contre contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui a, en réalité, débuté dans les années soixante, était relayée dans les médias, suite à l’«opération César» par laquelle le gouvernement Ayrault avait entrepris de faire évacuer la zone.

Une résistance collective s’est spontanément organisée. Une démonstration de force citoyenne réunissant des dizaines de milliers de personnes a suivi.

C’est à cette occasion que Batiste Combret et Bertrand Hagenmûller ont commencé les repérages d’un film, sans savoir sur quoi déboucherait cette première démarche.

Et c’est la rencontre avec le village de Liminbout qui est venue préciser le projet.

Une première discussion s’est faite avec Claude devant un verre et le personnage a donné aux réalisateurs l’envie de le filmer; puis d’approcher les autres habitants du hameau et de s’immerger dans le quotidien de ces personnes.

Le film qui en a résulté montre une lutte et un engagement déterminés mais apaisés.Et au final, cette réalisation n’est ni un film journalistique donnant la paroles aux pour et aux contre, ni un film militant avec des discours qui ne convaincraient que ceux qui le sont déjà.

A Liminbout, c’est au quotidien que la lutte se joue, dans la manière d’engager sa vie, le l’associer à ses idées, de faire de la politique sans discours.

Et c’est dans ce hameau que réside l’essence même du combat de Notre Dame des Landes avec des habitants pacifistes, qui ont les pieds sur terre et dont l’objectif est de mettre en œuvre un autre monde plutôt que de courir après celui qui se délite.

Le film est construit selon une progression toute en fluidité. Après la présentation des différents habitants de Liminbout, on se familiarise avec eux et leurs propos si différents soient-ils dans la forme, se rejoignent sur le fond.

Les quelques sédentaires du hameau voient arriver les squatters sans hostilité mais avec des réserves

sur leurs motivations et peut-être la qualité de leur engagement. Le mode de vie, le comportement, la façon de se vêtir sont si différents des leurs et leurs idées concernant l’écologie si peu réalistes dans le contexte.

Cependant, la fusion finira par se faire et le film de Batiste Combret et Bertrand Hagenmüller les amène à s’apprivoiser les uns les autres…

Nul ne sait de quoi sera fait le lendemain mais tous s’efforcent de rester optimistes même si, le projet de l’aéroport définitivement abandonné, d’autres problèmes se poseront.

Ce petit monde est-il pathétique dans sa détermination ou offert à un avenir meilleur ?

Francis Dubois


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