En Afrique du Sud, Free State est le bastion d’une communauté blanche isolée, les Africaners.

Au milieu d’une famille de riches éleveurs, catholiques fervents, profondément conservateurs où la force et la masculinité sont les maîtres mots, Janno, l’aîné des enfants est un garçon à part, silencieux réservé qui, en dépit de ses comportements hésitants, assure vaillamment sa tâche dictée par un père qui ne laisse pas le choix.

La mère, fervente chrétienne, soucieuse de faire le bien autour d’elle, ramène un jour à la maison un orphelin des rues, Pieter qu’elle s’est mise en tête de sauver de ses mauvais penchants. Elle demande à Janno de l’accepter comme son frère. Secrètement attirés l’un par l’autre, au lieu d’obéir à leurs sentiments, Janno et Pieter se réfugient dans la rivalité, s’engagent dans une sauvage lutte pour le pouvoir, l’héritage et la préférence parentale.

Le film d’Etienne Kallos séduit d’emblée par l’image. De vastes espaces où évoluent d’immenses troupeaux de bovins bruns guidés au fouet par des bergers parmi lesquels se distingue bientôt un jeune garçon dans lequel on reconnaît Janno à la description qu’en donne le scénario.

On attend un garçon frêle, « différent » et on se retrouve nez à nez avec un solide gaillard. Où est chez lui, la part de féminité annoncée qui met, avec l’arrivée de Pieter, sur la piste d’une attirance sinon d’une relation homosexuelle.

On peut très bien aller voir le film sans avoir lu le pitch mais quand on l’a lu, on ne peut se défaire d’une impression de malentendu. Le film d’Etienne Kallos fonctionne très bien sans l’ ombre planante d’une relation homosexuelle entre les deux adolescents. La peinture de cette famille sanglée dans ses croyances et ses convictions suffirait à elle seule à nourrir l’histoire.

Cinéma : Les moissonneurs
Cinéma : Les moissonneurs

Qui de Janno d’un naturel peu combatif mais cependant piqué au vif par la jalousie et de Pieter qui prend au sein de la famille une place de plus en plus importante va l’emporter sur l’autre dans ce combat de rivalité. La rivalité prend la part sur le reste du récit mais n’occulte jamais les nombreux sujets qu’aborde «  Les moissonneurs  » : l’homosexualité naissante entre les deux adolescents qui exacerbe la rivalité au fur et à mesure que grandit le goût du pouvoir chez Pieter, la peinture du milieu des grands propriétaires terriens d’Afrique du sud, la place de la religion au sein de la communauté des Africaners, la rigueur de la pensée et les bons sentiments…

Un récit auquel la beauté des paysages, le verrouillage des croyances et des traditions ancestrales , le contraste de personnalité des deux protagonistes, apportent une force qui ne se dément à aucun moment.

Francis Dubois


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