A la suite d’une décision municipale aveugle, « L’envol », un centre d’accueil pour femmes SDF, ferme ses portes. Les travailleuses sociales ne disposent plus que de trois mois pour trouver une solution d’hébergement des femmes dont elle s’occupent.
Falsifications de documents, mensonges, recours à toutes sortes d’influence, désormais, tout est permis…
Pour l’écriture du scénario, Louis-Julien Petit s’est inspiré du livre de Claire Lajeunie « Sur la route des invisibles » , un ouvrage qu’elle écrivit et qui vint en complément d’un documentaire réalisé en 2014 pour France 5, « Femmes invisibles ».
Le réalisateur a rencontré pendant plus d’un an des femmes SDF dans différents centres d’accueil à travers la France. Il a découvert par la même occasion le métier des travailleurs sociaux qui sont principalement des femmes.
Il a demandé aux comédiennes engagées dans son film, le même investissement.
Ainsi Audrey Lamy s’est glissée dans des équipes de bénévoles d’un centre de Grenoble et Sarah Suco a fait la manche pour mieux ressentir la honte et la violence des regards fuyants.
Louis-Julien Petit a démarré le récit du film là où le documentaire se terminait, quand la vraie Catherine intégrait un hébergement dans un hôtel social.
« Les invisibles » commence au moment où celle-ci quitte la chambre d’hôtel pour retourner à « L’envol ».
Son film se déroule essentiellement dans l’enceinte de centre d’accueil pour mieux permettre de plonger dans le quotidien des travailleurs sociaux ainsi que pour donner un toit aux femmes SDF à l’abri duquel elles livrent leur quotidien entre angoisse du lendemain, solitude, dénuement, isolement, rires et bonne humeur malgré tout.
Car, malgré son sujet douloureux, le réalisateur des « Invisibles » a réalisé un film solaire et porteur d’espoir, dans la droite ligne des comédies sociales anglo-saxonnes.
Il plonge le spectateur dans le monde de la grande précarité par le biais des situations réalistes mais souvent drôles, émouvantes, sans s’écarter de la réalité dramatique, en rejetant toute idée d’apitoiement, de compassion ou de misérabilisme.
Les invisibles du film sont tout autant sur ces femmes SDF que notre société rejette, qu’elle refuse de prendre en compte, qu’elle aimerait rendre invisibles pour s’épargner un vague fond de culpabilité ou ne pas gâter un paysage social rassurant, qu’un film sur ces invisibles que sont les travailleurs sociaux dévoués corps et âme, sous estimés, sous payés en tous cas jamais reconnus à hauteur de leur dévouement.
« Les invisibles » est une incontestable réussite portée à égalité par des interprètes non professionnels remarquables et des comédiennes éprouvées comme Audrey Lamy qui trouve là son meilleur rôle, Corinne Masiero toujours parfaite et une Noémie Lvovsky une nouvelle fois surprenante.
A surtout ne pas laisser passer pour sa force cinématographique et pour sa force de dénonciation d’une politique actuelle sociale dévastatrice…
Francis Dubois
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