Au moment où Anna, une cinéaste en préparation de son nouveau film, s’apprête à partir en vacances sur la Côte d’Azur avec sa fille adoptive et son compagnon Luca, celui-ci lui annonce qu’il ne sera pas du voyage, qu’il vient de faire une rencontre qui, de toute évidence, les conduira à la rupture.

Anna se retrouve subitement en état de devoir gérer l’écriture de son film et cette rupture brutale qui la met d’autant plus sur le flanc qu’elle a décidé de n’en rien dire autour d’elle.

Dès lors ni la somptueuse propriété où elle est accueillie, ni les retrouvailles avec sa famille, sa co scénariste, ses amis, le petit monde des employés de maison n’ont de sens pour elle.

Derrière les rires, les colères, les regrets sous-tendent des rapports de domination, des peurs et des désirs. Un monde plongé dans dans l’oisiveté dorée, un dilettantisme où chacun doit se débrouiller avec les mystères de sa propre existence.

Cinéma : Les estivants

Dans son dernier film, Olivier Assayas, mettait en présence un groupe de privilégiés de l’existence

livrés à de petites trahisons, à la confortable observation d’eux-mêmes. Valeria Bruni-Tedeschi enfonce le clou avec ses «  Estivants  » livrés au laisser-vivre et à leurs préoccupations de nantis.

Et même, si pour l’écriture du scénario, elle avait lorgné du côté de Tchekhov, elle n’aura retenu du dilettantisme tchekhovien que sa superficialité et occulté la satire sociale, l’arrière plan politique, le regard sur l’époque

Avec Valéria Bruni Tedeschi on est plus chez Sagan que chez Tchekhov.

Le film d’Olivier Assayas et celui de Valeria Bruni Tedeschi vont sortir sur les écrans au moment où la France en crise révèle un pays où de plus en plus de gens sont confrontés à des difficultés économiques grandissantes.

Face à une population d’appauvris où on est à découvert bancaire au quinze du mois, ce cinéma risque d’apparaître provocateur ou indécent.

Car le cinéma risque bien d’avoir, avec le chômage, le mal logement et les fins de moins difficiles perdu sa faculté à faire rêver….

Comme chez Tchekhov, les domestiques ont leur place dans la maison mais ici, la reconnaissance de leur travail s’arrête quand il s’agit de comptabiliser les heures supplémentaires.

Et le regard objectif, parfois ironique voire critique, que Valéria Bruni Tedeschi pose sur ce monde oisif, sur un décor de vie glacial, sans âme, auquel elle appartient mais qu’elle semble vouloir tenir à bonne distance, n’a pas de réelle valeur de critique.

On pourra retenir une scène d’ouverture du film réussie où la metteuse en scène qui se dirige elle-même jongle avec bonheur entre drôlerie et pathétique. Alors que son compagnon annonce à Anna qu’il va la quitter, celle-ci est pressée par la producteur de son film de rejoindre le jury face auquel elle doit défendre son projet. Le temps presse. L’avenir de son histoire d’amour se joue dans l’instant et quand assommée par la nouvelle de la rupture, elle se retrouve face au jury, ce sont de vieilles dames et de vieux messieurs peu engageants.

Malgré ce luxe et son existence paresseuse, on n’a pas très envie d’être de ces estivants là…

Francis Dubois

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