La directrice du magazine où Coline n’a jusque là écrit que sur des romans récemment parus lui propose de se charger de la rubrique « Le récit du mois ». Pour cela, elle doit rejoindre dans la maison au cœur des Pyrénées où il vit en solitaire, Simon un artiste un peu sauvage qui prétend avoir vu apparaître le fantôme de sa mère à l’instant de la mort de celle-ci. Interview qui l’intéresse d’autant plus que sa voisine, la belle Azar prétend elle, avoir vu le fantôme de son père.

Au cours de la première nuit dans la maison isolée, Simon tente de séduire Coline qui lui résiste dans un premier temps avant de tomber amoureuse à son tour.

Cinéma : Les envoutés
Cinéma : Les envoutés

Pascal Bonitzer qui avait depuis longtemps envie de se confronter au genre fantastique, après avoir vainement tenté d’adapter le roman de Grombrowicz, «  Les envoûtés  » a, cette foi-ci avec sa co-scénariste Agnès de Sacy, écrit l’adaptation d’une nouvelle d’Henry James «  Les amis des amis  » un film auquel il a décidé, peut-être pour en finir avec son premier échec, de donner le titre «  Les envoûtés ».

James est un auteur d’autant plus difficile à adapter que Pascal Bonitzer a souhaité, dans la réécriture, le sortir de son contexte anglo-saxon et situer l’histoire, de nos jours, en France et presque essentiellement dans un décor de montagnes.

Les personnages sont difficiles à définir à moins qu’on ne les voie -mais ce serait réducteur- comme des archétypes : l’artiste qui s’est coupé du monde et qui se réalise dans la solitude, la jeune journaliste débutante qui bute sur les difficultés et qui, bientôt n’est plus du tout certaine de pouvoir mener à bien le travail qu’on lui a commandé.

Les personnages sont ailleurs, bientôt confrontés à d’autres mystères ou à l’histoire romanesque qui se saisit d’eux.

Pascal Bonitzer conduit son histoire fantastique hors des sentiers battus en la plongeant dans un contexte réaliste pour mieux se perdre en chemin et retrouver le fil de son récit, à chaque fois, comme par magie.

Sa vision du fantastique lui est très personnelle car son fantastique est avant tout porté, en connaissance de cause, par ce que les personnages se racontent et non pas par des effets de mise en scène, Pascal Bonitzer qui en déteste le principe évitant soigneusement d’avoir recours à des effets spéciaux.

Les personnages de ces «  Envoûtés » ne font pas de mystères. Ce sont des personnages de chair et d’os qui ne sont pas jaloux de leurs secrets et le mystère se distille hors champ.

On est du point de vue de Coline, jeune femme crédule et la croyance supplée le témoignage des sens jusqu’au climax où tout à coup plus rien n’est certain, où la réalité vacille.

Au spectateur de démêler les fils de cette histoire, de voir le film comme un récit transparent ou de rechercher, derrière une limpidité insatisfaisante, l’envers du décor de personnages, des situations et des sentiments.

Magnifiques paysages des Pyrénées et magnifique interprétation de deux jeunes comédiens parfaitement complémentaires : la faussement fragile Sara Giraudeau et le faux dur Nicolas Duvauchelle..

Francis Dubois


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