Dans une modeste station balnéaire, deux collégiennes d’une petite douzaine d’années ont été victimes d’une agression de la part d’un homme dans un motel. Mia, la jeune fille qui travaillait à la réception au moment des faits et dont le témoignage pourrait être précieux pour l’enquête, reste silencieuse. Elle craint que des révélations sur l’agression lui coûtent son emploi et l’espoir d’obtenir les papiers qui régulariseraient sa situation.

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Wen, l’un des deux victimes, pressent du haut de ses douze ans, que les problèmes pour elle, ne font que commencer…

Le récit de «Les anges portent du blanc» repose sur le personnage de Wen, l’une des deux présumées victimes que son jeune âge place légèrement à la marge de l’enquête (la seconde fillette est tenue beaucoup plus à l’écart et n’apparaît qu’épisodiquement).

Il repose sur l’étrange présence de Mia, personnage complexe dont le point de vue est le fil rouge.

Mia aurait-elle, avec les révélations de ce qu’elle sait, le pouvoir de faire ressortir une vérité qui pourrait bien demeurer, une fois portée au grand jour, tout aussi complexe.

«Les anges portent du blanc» est-il une enquête sur l’agression dans un motel de deux très jeunes filles ou un gros plan sur le personnage d’une employée à la réception de l’établissement isolée, sans le soutien d’une famille ou de proches, Quelqu’un qui ne peut compter que sur elle-même, et qui, prise dans les filets d’une situation difficile, subit les pressions d’un employeur qui ne cesse de la harceler, la mettant en demeure de lui produire des papiers officiels qu’elle n’a pas et dont l’obtention lui coûterait une somme d’argent qu’ elle est loin de pouvoir réunir.

Le jeune âge des présumées victimes les empêche d’être totalement partie prenante de l’enquête. Et cet état de personnages impliqués qui les tient à la marge des investigations leur donne une position d’autant plus ambiguë que leurs parents, séparés et en conflit dans le cas de Wen, se voient réduits à la portion congrue dans leur participation à l’enquête.

Ce qui frappe dans le film, c’est le jeune âge réel des deux victimes (les anges du titre), le mystère (vu ce jeune âge) de leur présence dans le motel où elles ont été agressées; c’est également le jeune âge apparent du personnage de Mia.

Mia qui ne possède pas de papiers officiels et qui, de ce fait se trouve dans une situation précaire, paraît très jeune et a sans doute moins que les dix-huit ans qu’elle annonce. Ce flou à propos de son âge réel ajoute à l’ambiguïté du personnage et au flou parfois de sa détermination à se battre.

Le travail sur l’image, sur les couleurs, la présence d’accessoires quasi oniriques comme la statue géante et « indécente » de Marilyn Monroe qui se dresse sur une place, l’importance donnée à une perruque blonde, à un tunnel aux dimensions gigantesques, à la présence de ces couples de mariés posant face à des photographes sur une plage, ajoutent aux doutes qu’entretient un récit hybride et place parfois le film entre le rêve et la réalité.

Tous le charme de «Les anges portent du blanc» tient sans doute à la multiplication des pistes narratives. Celles-ci font passer d’un personnage à l’autre, et ceux-ci prennent tour à tour le pas les uns sur les autres, donnant le sentiment de croire tenir le sujet principal quand subitement, comme par un tour de passe-passe, il se retrouve flouté.

Sujet grave ou exercice de style ludique ? Quelle importance si le récit reste haletant et si on est sous le charme des questionnements.
Francis Dubois


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