Dans le Paris de la toute fin du dix-neuvième siècle, le brigadier Jean Albertini, sans famille ni attache, se voit proposer par sa hiérarchie d’infiltrer un groupe d’anarchistes contre une promotion appréciable.

Il s’exécute mais une fois parmi eux, contraint de feindre sans relâche, il se trouve de plus en plus partagé.

S’il est mis au pied du mur par Gaspard, son supérieur qui multiplie ses demandes de rapports, il se sent chaque jour un peu plus proche du groupe qu’il est en train de trahir…

Le film d’Elie Wajeman multiplie les qualités : une construction parfaite avec une belle gradation dans l’évolution dramatique, dans celle des personnages dont aucun n’est négligé jusqu’au plus secondaire, le magnifique portait d’une jeunesse idéaliste, une reconstitution soignée, une photographie en parfait harmonie avec le sujet et une interprétation de tout premier plan..

Cinéma : Les anarchistes
Cinéma : Les anarchistes

La très bonne idée d’Elie Wajman est d’avoir cadré son film au plus près de ses personnages, privilégiant les gros plans et donnant ainsi au sujet toute la force qu’il ne place jamais pas dans l’action proprement dite.

« Les anarchistes  » bénéficie ainsi d’une grâce, d’une fluidité dans le déroulement du récit, même si en arrière-plan, chaque séquence distille plutôt qu’une cruauté, une amertume.

Le personnage de Jean Albertini, magnifiquement porté par Tahar Rahim reste attachant jusque dans la trahison d’autant plus douloureuse qu’il est amoureux de l’égérie du groupe et de plus en plus attaché à des individus qui lui sont très proches, dont l’énergie, la candeur et la profonde fidélité à une idéal le touche.

Jean qui a été élevé dans un orphelinat, qui est un jeune homme seul, trouve auprès du groupe qu’il infiltre, la famille qui lui a fait défaut.

Lorsque l’équilibre qu’il aura trouvé entre la trahison qu’il a, d’une certaine façon, apprivoisée et les liens d’amitié qui se sont tissés entre lui et les membres du groupe, qu’il devra faire le deuil de cette « famille d’accueil » et se retrouver dans l’isolement et la solitude, Jean sera le plus seul et le plus malheureux des hommes.

« Les Anarchistes  » est, ce que l’on peut appeler une belle histoire; forte et douloureuse et pour le traitement de laquelle Elie Wajeman ne force jamais le trait.

L’équipe de jeunes comédiens fait merveille. Ils seraient tous à citer pour la délicatesse et l’efficacité de leur jeu.

Parmi eux, on retrouve, dans une composition parfaite, Adèle Exarchopoulos découverte en 2013 dans «  La vie d’Adèle  » d’Abdellatif Kechiche.

Ce film est à voir, absolument. C’est un moment de bonheur cinématographique garanti.

Francis Dubois


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