Fabian est journaliste d’investigation dans un grand journal berlinois. Jeune, beau et brillant, il voit arriver d’un mauvais œil une stagiaire que lui impose la direction.
Il confie à la jeune femme une enquête à priori sans importance.
Or, certains puissants souhaitaient dans leur intérêt, que Fabien y ait son rôle dans l’enquête qui prend une tournure politique quand un homme se suicide en se jetant dans la fosse aux lions d’un zoo.
Pourquoi cet acte de désespoir spectaculaire ?
Nadja est-elle trop fougueuse ? Prend-elle l’enquête trop à cœur ? Fabian qui se croit bien rodé aux roueries souterraines du métier verra-t-il venir ce qu’on attend de lui, la façon dont les hautes sphères vont l’utiliser à son insu et le manipuler ?
Avec « Les amitiés invisibles » Christoph Hochhausler a réalisé un thriller politique moderne, une réflexion qui pousse à l’interrogation sur les manipulations de la presse, le formatage des informations livrées à l’opinion publique.
Le film est un timide appel à la vigilance.
Les nouvelles technologies de plus en plus performantes ont modifié le travail des journalistes. Elles sont un précieux outil d’investigations mais elles peuvent représenter une entrave à la liberté nécessaire au bon déroulement d’une enquête. Elles peuvent déboucher sur le recadrage d’un travail de recherches. Sur des manipulations en sous-main.
Pour l’élaboration du scénario, le réalisateur s’est appuyé sur des exemples concrets de surveillance numérique à des fins industrielles. Ainsi le lobby allemand des pharmaciens (Apotheker-Verband) qui espionnait le Ministère de la Santé depuis des années ou la bataille de lobby autour de la réglementation des substances dangereuses.
Si un petit groupe de pression peut pirater un ministère, on peut imaginer ce qui peut se passer à plus grande échelle et à quel rang sont relégués ceux qui voudraient faire éclater la vérité.
La mise en scène de Christoph Hochhlauser semble être guidée par le souci de conduire son intrigue sans être trop explicite, de trouver le juste équilibre entre une histoire personnelle insérée dans un système plus global.
Il a opté, certainement dans le but de ne pas livrer trop d’éléments explicatifs, pour la multiplication de plans éphémères, une image fuyante, insaisissable. Mais à en abuser, il prend le risque de rendre son propos confus.
Dans cette précipitation à échapper à l’explicite, il tente de trouver de la place pour une intrigue amoureuse entre deux êtres dans un premier temps indifférents, voire hostiles l’un à l’autre et qui se rapprochent comme deux animaux méfiants.
Ceux qui ont des dispositions pour démêler les fils d’une intrigue compliquée, ceux qui aiment les plans-cut inspirés de la pub, ceux qui aiment les histoires d’amour qui reviennent de loin, trouveront leur compte dans ce récit mené tambour-battant et interprété par deux comédiens très convaincants.
Francis Dubois
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