Marta que son père à invitée avec son jeune frère pour des vacances au Sénégal dans un complexe touristique avec excursions et animations, s’ennuie ferme mais prend son mal en patience.

Elle traîne sa peau jusqu’au jour où elle découvre le vrai visage du pays en sympathisant avec Khouma, le photographe du club et Aïssatou, une femme de ménage résignée.

Ses vacances ont dès lors un autre saveur mais ses nouvelles fréquentations ne sont pas du goût de son père.

Par amitié pour Khouma, elle va commettre une « indélicatesse » dont elle n’avait pas, prise dans un élan de générosité, mesuré les conséquences. Le voyage au Sénégal va prendre pour elle des airs d’initiation au monde réel et lui faire franchir le pas qui la séparait du monde adulte….

Cinéma : Le voyage de Marta
Cinéma : Le voyage de Marta

Au cours d’un voyage qu’elle fit au Sénégal il y a une dizaine dans une région où le tourisme est le plus développé ,Neus Ballus a été sensible au contraste très net observé entre la zone dédiée au tourisme et la présence toute proche des autochtones et leurs conditions d’existence. Un contexte qui lui est très vite apparu comme un potentiel cinématographique possible.

Ces complexes de pacotille dédiés au plaisir où se côtoient sans interférer touristes et travailleurs locaux ont donc constitué le terreau et la promesse d’un film dont l’objectif est de décrire l’organisation économique et la complexité des rapports qui en découlent.

Le choix d’implanter le récit dans un pays francophone a des effets efficaces sur le plan de la dramaturgie du point de vue de Marta qui pratique elle, un français encore hésitant et qui rencontre sur cette côte sénégalaise une réalité très éloignée de la sienne.

Tout est fait pour l’empêcher de nouer des liens avec « les locaux » alors que c’est en leur compagnie que ce séjour « exotique » va se justifier pour elle.

Autour d’une histoire simple à qui on pourrait reprocher de dérouler des événements attendus, Neus Ballus aborde en profondeur différents sujets allant de l’observation pointue du phénomène touristique dans un pays africain, à la relation occasionnelle d’un père avec ses enfants qu’il n’a pas vu grandir en passant par la description de cette absence de regard des touristes sur le monde qui les entoure, le racisme passif, les effets tenaces du post- colonialisme, le mépris inconscient de ces « bons vivants » à tout prix, vis à vis de l’autochtone…

Neus Ballus traite ces sujets sans ne jamais rien surligner, ne porte aucun jugement sur le comportement des touristes affamés de plaisirs immédiats et dresse, avec le personnage de Marta celui d’une jeune fille d’aujourd’hui qui, en plus du plaisir que lui procurent les présences de Khouma et de Aïssatou, trouve avec eux l’occasion de se démarquer de l’ambiance festive et de faire un pied de nez au comportement ridicule (et pourtant si juste) de son père et de la bande des touristes amateurs de jeux collectifs et autre danse des canards.

Un film qui de bout en bout sonne juste, touche ou émeut…

Francis Dubois


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