Dans le sud-ouest de la France, un couple d’agriculteurs dont le mari est noir de peau, est dans le collimateur d’un groupe de villageois racistes.
Une nuit, un règlement de comptes entre trafiquants a lieu à proximité de leur ferme et un motard impliqué dans la tuerie, trouve refuge chez eux. Il séquestre le couple mais, personnage énigmatique s’il en est, il s’attache progressivement à leur petite fille de six ans… Le mystérieux motard est poursuivi à la fois par des barons de la drogue, recherché par le Lieutenant Colonel Massé de Réaux et par un redoutable tueur à gage.
Le polar rural est un genre peu courant dans la production cinématographique française et l’ancrage de ce récit dans la campagne toulousaine, apporte à ce «Serpent aux mille coupures», une sorte de pureté des situations évoquées, et retrouve par certains côtés, les codes du western.
Le film est l’adaptation d’un roman de DOA publié dans la collection Série Noire ; un spécialiste du genre qui associe le récit policier et le récit d’espionnage.
Après des scènes d’introduction d’autant plus obscures qu’elles se passent de nuit, le récit s’éclaircit. Mais DOA qui s’est chargé de l’adaptation de son livre a tenu, semble-t-il à distiller avec parcimonie les éclaircissements sur les personnages et sur les situations. Et le fond de l’intrigue est souvent laissé à l’imagination du spectateur, comme un puzzle dont il faudrait inventer certaines pièces pour arriver au motif final.
On ne saura jamais vraiment qui était le motard blessé au cours de la tuerie. Dans un autre roman de DOA où apparaît déjà le personnage, il est présenté comme un soldat de l’Etat appartenant à un service d’élite, que son propre camp vient d’essayer de piéger. Fallait-il révéler son identité ou valait-il mieux laisser planer le doute et laisser le spectateur imaginer comme possibilité que c’était un simple malfaiteur engagé dans un sanglant règlement de comptes ?
La fait qu’on ne sache rien de lui augmente sans doute considérablement l’atmosphère de la séquestration, mais en revanche, banalise le personnage, le livre au cliché de l’homme pourchassé en état de survie et désabusé de beaucoup de choses.
Le réalisateur a choisi de jouer la carte du flou narratif et ce choix fait sans doute pour que le récit gagne en intensité. Les atmosphères sont prenantes, les personnages passionnants à découvrir. Le contexte rural apporte une sorte de clarification au récit.
On pourrait dire de ce «Serpent au mille coupures» qu’il est conduit comme un film à l’ancienne. Ce qui n’est ni restrictif ni péjoratif….
Francis Dubois
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