1852, dans un village de montagne.

L’armée de Louis Napoléon Bonaparte a pour mission d’écraser les Républicains.

Une nuit, Violette et les autres femmes du village assistent impuissantes à la rafle de leurs époux, fiancés et pères.

Courageuses, Violette, Marianne, Rose ou Blanche n’ont d’autres possibilité que de relever les manches et de prendre le relais des hommes pour les travaux des champs.

Après plusieurs mois d’attente, dans un isolement total, elles se font un drôle de serment : si un homme se présentait au village, il serait celui de toutes…

Mais qu’adviendra-t-il du serment quand surviendra Jean, un homme recherché et qu’entre lui et Violette se produit le coup de foudre.

Cinéma : Le semeur
Cinéma : Le semeur

Sur le papier, l’histoire peut paraître banale et pendant les guerres, le sujet des femmes appelées à prendre le relais des hommes absents n’est pas neuf.

Plusieurs dangers menacent ce type de sujet: la reconstitution de l’époque souvent mal traitée au cinéma, surtout en ce qui concerne cette période ; les portraits de femmes, surtout quand elles sont nombreuses et évoluent au sein d’une communauté ; la vraisemblance des femmes confrontées à des travaux strictement masculins…

Et si l’absence des hommes fragilise la survie psychique et physique des femmes, celles-ci pour lutter contre la mort qui rôde, celle d’un mari ou d’un fils et de plus loin celle du village à demi déserté, laissent parler leur instinct et donnent libre cours à la sexualité et au désir.

Marine Francen dépasse haut-la-main tous ces obstacles par un travail minutieux sur le scénario, une distribution convaincante, une construction dramatique audacieuse qui ne contourne pas les écueils mais les aborde au contraire de façon frontale.

Sans être léchée, l’image est superbe et les cadrages sont «au cordeau». Les scènes d’ensemble champêtres sont particulièrement réussies et à certains moments du film les images accèdent à une forme picturale au meilleur sens du terme, satisfaisant autant à un naturalisme qu’à une légère part de poésie.

«Le semeur» est un récit à la fois fluide et rugueux et le cadre en 4/3 respecte autant l’ampleur des vastes espaces que les scènes d’intimité, les séquences de groupe que celles de tête à tête.

C’est un film grave et vivant. C’est un film sombre et lumineux et à chaque moment, les costumes et les gestes paysans, les situations rustiques, sonnent juste.

Les comédiennes sont toutes parfaites. On accordera une mention spéciale à Françoise Lebrun qui, entre ténacité et mystère, s’impose en douceur.

Alban Lenoir, qui interprète l’énigmatique personnage de Jean, a une bien belle présence.

Francis Dubois


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