Stéphane, la cinquantaine, un ancien photographe de mode de renom, vit seul avec sa fille Marie dans une maison cossue de la banlieue parisienne.

Chaque jour, Marie lui sert de modèle au cours de séances longues et contraignantes.

Lorsque Jean, le nouvel assistant que Stéphane a recruté, découvre l’univers obscur et dangereux dans lequel évoluent le père et de la fille, il va devenir évident pour lui d’aller au secours de Marie afin de la sauver d’une emprise toxique.

Car Stéphane a fait de Marie la réplique de son épouse décédée dont le souvenir le hante au point qu’il ressent dans la maison, des signes de sa présence.

Marie, passionnée d’horticulture accepte un travail dans le sud-ouest de la France pendant que des promoteurs immobiliers proposent à Stéphane le rachat de sa maison à des conditions très avantageuses.

Alors qu’une tendre complicité naît entre Jean et Marie, celle-ci fait une chute dans l’escalier qui semble lui avoir été fatale. Pourtant, alors que Jean l’a crue morte, elle réapparaît bien vivante.

Mais celle qui réapparaît miraculeusement indemne ne serait-elle pas son fantôme ?

Cinéma : le secret de la chambre noire
Cinéma : le secret de la chambre noire

Kiyoshi Kurosawa a une prédilection pour les histoires de fantômes, pour les apparitions surnaturelles, les phénomènes irrationnels et les rencontres entre les vivants et les morts.

Le scénario du « secret de la chambre noire » n’échappe pas à cette tendance.

Si le récit débute de façon très réaliste : un jeune homme se dirige en direction d’une villa de banlieue où il a rendez-vous pour un entretien d’embauche.

Le vieil homme qui le reçoit est celui qui occupait l’emploi en question et qui, frappé par la limite d’âge, laisse vacante la place d’assistant photographe auprès de Stéphane.

Pendant que Jean attend d’être reçu, un premier phénomène survient : une porte s’ouvre lentement sans que personne l’ait poussée.

Dès lors, le film consistera en une succession de séquences réalistes et de scènes privées de toute explication rationnelle. Une sorte de flou s’emparera de certains personnages au centre duquel, celui de Denise, l’épouse disparue de Stéphane.

L’histoire que narre Kiyoshi Kurosawa aurait dû donner lieu à un film japonais. Mais le réalisateur a choisi de la situer en France, dans un quartier de la banlieue parisienne et avec une distribution française.

Il y avait un risque pour que la transposition ne se fasse pas, qu’une version française de ce sujet très

«japonisé» sonne faux.

Or, le glissement est fait avec tant de virtuosité, tant de délicatesse que le miracle se produit et que « Le secret de la chambre noire » parvient à un équilibre parfait entre les codes du cinéma asiatique et ceux du cinéma français.

Et le film ressemble à une sorte de château de carte dont on tremble qu’il ne s’effondre mais qui reste debout de bout en bout.

Les comédiens ne sont pas en reste dans l’exercice de cette réussite. Olivier Gourmet avec barbiche noire est troublant. La jeune comédienne Constance Rousseau a la grâce fragile des héroïnes des films japonais et Tahar Rahim, personnage pragmatique, entraîné dans cet histoire de fantômes est magnifique de présence et de doute.

«Le mystère de la chambre noire» est un film léger, aérien, délicat, mené de la première à la dernière image avec une immense maîtrise.

Du beau, du grand cinéma de divertissement !

Francis Dubois


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