Adrien, une jeune adolescent, n’a pas la vie facile depuis que son père et sa mère se sont séparés.

Il se partage entre l’un et l’autre jusqu’au jour où il va prendre conscience de la douloureuse réalité qui va bouleverser sa vie et celle de tout son entourage.

Tentant à sa façon de dépasser l’acharnement négatif du destin, il se lance dans une aventure théâtrale qui lui permet d’entretenir une relation proche avec une fille de son âge à la personnalité bien trempée.

Cinéma : Le rire de ma mère
Cinéma : Le rire de ma mère

La collaboration de Colombe Demolon et Pascal Ralite au moment de la naissance du projet est venue d’un événement douloureux qu’ils ont vécu en commun et plus tard, de la question qu’ils se sont posée de savoir comment faire le deuil des gens qu’on a aimés et plus précisément dans le cas d’un enfant appelé à se construire à travers cette épreuve.

Quelle est la place dans sa vie d’un gamin de quatorze ans traumatisé dans un premier temps par la séparation de ses parents, une épreuve déjà douloureuse mais à laquelle vient s’ajouter la maladie de l’un des deux parents, dans le cas présent, d’une mère avec laquelle il était tout autant opposé qu’il entretenait avec elle une relation fusionnelle ?

Sa «parade», l’Adrien du «Rire de ma mère », va la trouver en adoptant un mouvement contraire à celui de sa mère.

Et à mesure que la maladie va l’affaiblir et malgré sa terreur de la perdre bientôt, il va trouver la force de s’épanouir. Il va s’attacher à s’imposer à lui-même, à combattre sa timidité, à s’efforcer de s’exprimer en public.

Et le théâtre va être pour lui un tremplin, le moyen de se surpasser et de se construire en dépit de la menace de cette mort qui le hante.

C’est comme si, instinctivement, l’adolescent anticipait le moment où, sa mère disparue, il allait devoir affronter un vide à combler.

Le film fonctionne selon le point de vue d’Adrien et, à mesure que les événements se précisent, du regard de plus en plus aigu qu’il porte sur les choses et sur cette mort qu’il apprivoise à sa façon pour mieux la dominer.

Le film de Colombe Demolon et Pascal Ralite est porté par la comédienne exceptionnelle et ici, totalement étourdissante, qu’est Suzanne Clément interprète «fétiche» du jeune réalisateur québécois Xavier Dolan avec qui elle tourna « J’ai tué ma mère » , « Laurence Anyways » et « Mommy ».

Elle montre, dans son jeu dramatique et dans sa gestuelle, une immense énergie qu’elle met ici au service d’un personnage en sursis, comme si à chaque instant, elle anticipait non pas une victoire improbable, mais comme si elle tenait la dragée haute à la mort dont elle sait pourtant qu’elle aura le dernier mot.

Le jeune Igor Van Dessel apporte également beaucoup au film.

Francis Dubois


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