Au départ, Martin est simplement venu passer quelque temps chez son grand-père pour se ressourcer, mais peut-être plus encore, pour partager des moments privilégiés avec ce vieux monsieur encore vigoureux.
L’aïeul est un passionné de jardinage. Deux années après le décès de sa femme avec qui il menait cette activité dans une belle complicité, il continue à calquer sa vie sur le cycle des saisons entre semis, repiquage, renouvellement des structures, récoltes, cueillettes, fabrication et mise en bocaux des conserves.
Martin va se prendre au jeu, à tel point que son grand-père va lui attribuer une parcelle de terre où il fera ses premières armes de jardinier.
Et c’est ainsi que, petit à petit, le petit fils va prendre conscience d’un précieux héritage.
Puis le cinéaste qu’il est a repointé son nez et l’apprenti jardinier a éprouvé le besoin de filmer pour immortaliser l’art du jardinage artisanal et la transmission d’un savoir soutenu ici par l’expression d’une belle tendresse mutuelle.
Dans son film précédent, « Super trash » , un documentaire choc, Martin Esposito abordait le problème des déchets et de la surconsommation, par le biais de la fermeture en 2009, de la décharge de Villeneuve-Loubet.
S’agit-il, de « Super trash » au « Potager de mon grand-père » d’un virage à 360° ou bien les deux films sont-ils complémentaires ?
Le jardinage artisanal tel que le pratique le grand-père de Martin Esposito est en voie de disparition pour plusieurs raisons : la disparition des terrains liée à une urbanisation galopante, la perte du savoir-faire avec la non transmission des techniques de jardinage, le manque de temps et quelquefois une totale méconnaissance de la terre.
Aujourd’hui, alors que les légumes viennent de très loin et que les personnes âgées sont dans des hospices ou dans des maisons de retraite, les activités du grand père de Martin ressemblent à un dernier soubresaut d’une vie révolue.
Le documentaire de Martin Esposito joue sur le contraste entre la technique éprouvée du vieil homme et l’inexpérience totale du petit fils jouant les candides. Un contraste d’autant plus savoureux qu’une grande tendresse, même si elle s’exprime de façon bourrue chez l’un et par des élans moins contenus chez l’autre, réunit les deux hommes.
Quel meilleur cadeau pouvait faire le jeune homme à l’aïeul que de lui permettre de transmettre son savoir ? Quel meilleur cadeau pouvait faire le vieil homme à son petit-fils que de l’initier au jardinage et de perpétuer un art en voie de disparition, que de rappeler que rien autant que la travail de la terre ne rythme mieux la vie ?
Un beau film qui met en appétit, non seulement par la beauté de ce qui germe, lève, pousse, fleurit et fructifie mais pour le bonheur de retrouver un peu, les générosités d’une nature qu’une l’industrialisation criminelle est en train de mettre à bas.
Francis Dubois
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