John est encore un adolescent quand il sort de prison où il a purgé une peine pour avoir assassiné sa petite amie infidèle.
Dans la maison familiale qu’il réintègre, il retrouve son père, son petit frère, et de plus loin son grand père. Il aspire à une réhabilitation et à un nouveau départ dans la vie.
Mais comment espérer une réintégration en revenant dans le village où le drame a eu lieu et dans l’établissement scolaire qu’il fréquentait autrefois au moment du crime ?
Son retour ranime les pires pulsions dans le voisinage et le climat autour de la famille fragilisée se fait de plus en plus menaçant. Car dorénavant, le comportement de John, quoiqu’il fasse, peut être interprété par chacun comme suspect.
Il paraît inconcevable qu’un adolescent qui vient de passer des années en prison pour avoir commis un crime puisse être versé sans un accompagnement adapté dans le milieu où il vivait précédemment auprès d’adultes et d’adolescents forcément hostiles puisqu’ils ont connu la victime et que le crime d’une jeune fille laisse des traces indélébiles de haine.
Le scénario de « Le lendemain » compte sans doute trop sur les valeurs familiales pour donner sa seconde chance à John.
Le premier accroc sera la rencontre (inévitable), dans les allées d’une grande surface, de John avec la mère de la victime. Suivront toute une série d’humiliations, d’agressions que John, fermement décidé à se réadapter, subit sans répondre.
Dès lors l’isolement de John et de son père va fragiliser une cellule familiale marquée par l’absence d’une mère et dans le contexte d’hostilité, les rancœurs vont s’étendre, le tension aidant, au sein même de la famille. Le grand père plonge dans le mutisme et le petit frère va faire preuve de résistance face à un père qui tente de conserver une ligne de rigueur.
La multiplication des représailles frontales ou anonymes de la part des voisins et des lycéens, la radiation de John des listes de l’établissement scolaire (après pétition des parents d’élèves) vont conduire à une lente désintégration des valeurs sur lesquelles John et son père comptaient pour établir les bases d’ une nouvelle vie.
Le père qui semblait inébranlable se fragilise, le petit frère se rebelle et le grand père diminué se désolidarise.
Passé l’obstacle de certaines invraisemblances dans le scénario, le film qui traite de l’intolérance et sonde les profondeurs de la méchanceté humaine n’épargne personne. Aucun personnage ne suscite l’empathie et Magnus Von Horn ne porte aucun jugement sur les comportements, même les plus haïssables. Il avance dans son récit comme si chacun s’était engagé sur une mauvaise voie ou la seule qui s’offrait à lui.
Le film de Magnum Von Horn bénéficie d’un atout de taille ; la présence au générique d’Ulrich Muater, jeune chanteur suédois au visage d’ange et qui derrière son inexpressivité laisse deviner sa détermination en même temps que toute la douleur, toute la violence contenues.
Le personnage et le comédien qui l’interprète portent le film qui se compose de deux parties. Une première qui suit le retour de John dans sa famille et qui distille les premiers signes du malaise et une deuxième partie avec les manifestations hostiles et la démonstration de l’étendue de la méchanceté humaine avec des moments d’une violence parfois à la limite du supportable.
La fin du film laisse une famille en pièces qui se remettra difficilement sur pied et un John peut-être plus lucide et plus aguerri et délesté de sentiment de revanche et de violence.
Francis Dubois
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