Dans les années 60-70, le BUMIDOM (Bureau pour le développement des migrants dans les département d’Outre-Mer) promettait de favoriser l’intégration en métropole des français des DOM-TOM, mais comme beaucoup d’autres qui ont répondu à la proposition, Jimmy Larivière, un veuf seul avec sa petite fille, venu à Paris pour prendre un nouveau départ, ne parvient pas à trouver sa place dans une société hostile à sa couleur de peau.

Réduit à des solutions à trouver au jour le jour et au système D pour survivre, il finit par céder aux propositions de trois autres antillais de se lancer dans des braquages de bureaux de Postes.

Ceux-ci sont dans un premier temps « artisanaux ». Mais le goût du gain aidant, ils vont devenir de plus en plus ambitieux et retentissants.

Cinéma : Le gang des Antillais
Cinéma : Le gang des Antillais

Le point de départ du film est politique.

Le projet lancé par Michel Debré en 1963 d’accueillir des français des DOM-TOM dans des conditions favorables en Métropole était en réalité un leurre et, passé l’effet d’annonce, aucune structure n’avait réellement été mise en place pour qu’il aboutisse et les antillais, un fois en Métropole, étaient contraints, dans les meilleurs des cas, à des boulots d’éboueurs ou de techniciens de surface.

Le film de Jean-Claude Barny bifurque vers la fiction, sitôt le problème exposé, en introduisant dans le récit les personnages d’un antillais réduit au chômage et de sa petite fille.

La scène au cours de laquelle l’un et l’autre qui ont dormi dans un cagibi se voient rudoyer par un homme des plus méprisants à leur égard donne le ton de tout ce qui fera suite dans le récit.

On laissera de côté la supercherie du gouvernement d’alors pour, très vite, basculer dans le thriller selon des codes qui nous renverraient (et ce n’est pas péjoratif) au cinéma narratif des années cinquante ; mais ce choix affaiblit considérablement le sujet engagé.

Quant au thriller, il est mené sans surprise avec ce qu’il faut de suspense pour entretenir un intérêt et trembler à chaque fois pour les protagonistes, qui parce qu’ils étaient au départ des victimes, emportent la sympathie.

Le film de Jean-Claude Barny tente, sans trop y réussir, de créer un éventail de personnages forts en gueule ou hauts en couleur. Les personnages annexes, même s’ils sont campés par Mathieu Kassovicz en patron de bar ou Romane Bohringer en brave fille persécutée n’ont guère de consistance et les partitions qui leur reviennent donnent lieu à des épisodes qui, pour étoffer le récit, n’en laissent pas moins indifférents.

La question se pose de savoir si son scénariste et Jean-Claude Barny ont été inspirés d’abandonner le sujet politique de départ qui mettait en lumière un chapitre d’Histoire pour mettre leur film sur le rail du divertissement à suspense.

Pa sûr que cette réalisation à l’ancienne au terme de laquelle la morale est sauve, séduise, malgré des qualités, le large public qu’il prétendait attirer.

Francis Dubois


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