Vincent, une quinzaine d’années vit seul avec sa mère, une jeune femme douce, aimante et dévouée qui n’a jamais voulu lui dévoiler le nom de son père.

Un jour, en fouillant dans un secrétaire, l’adolescent découvre que celui-ci n’est rien d’autre qu’Oscar Pormenor, célèbre éditeur parisien.

Quand il apprend qu’il s’est comporté de la pire des façons avec sa mère quand elle lui a annoncé qu’elle attendait un enfant, il met au point un projet de vengeance.

Mais lorsque le chemin de Vincent croise celui de Joseph qui se trouve être le frère d’Oscar, le cours des choses va changer…

Cinéma : le fils de Joseph
Cinéma : le fils de Joseph

Le film d’Eugène Green qui, en certains points, tient du mélodrame, se découpe en cinq chapitres qui se réfèrent à des passages bibliques.

«  Le sacrifice d’Abraham  » voit Vincent se confronter à sa mère et au mystère de l’ absence paternelle.

«  Le veau d’or  » porte sur le milieu de l’édition, ses jeux de pouvoirs et sa tendance à l’idolâtrie.

Dans «  Le sacrifice d’Isaac « , on voit Vincent tenter de sacrifier son père dans un renversement de mythe.

C’est dans le chapitre intitulé «  Le charpentier  » que s’établit, comme entre Jésus et Joseph, une relation filiale non fondée sur le sang.

Enfin, «  La fuite en Égypte  » est représentée par le voyage de Joseph, Marie et Vincent en Normandie où se passe le dénouement du récit.

Eugène Green reste fidèle à la ligne cinématographique qu’il creuse depuis plus de quinze ans. Celle d’un cinéma libre, singulier mais toujours très rigoureux. Une rigueur qui ne consiste pas seulement en des dialogues ciselés, dits par les comédiens avec une sorte d’application scolaire en insistant sur les liaisons même quand elles sont dissonantes à l’oreille.

Ses personnages existent ici dans une dominante mélodramatique : Marie, une mère qui s’est consacrée à son fils au point qu’elle est seule, sans amis, sans perspective d’avenir, Joseph, un personnage à la dérive qui n’a d’autre projet que de retourner vivre sur les lieux de son enfance, Oscar, un grand ponte de l’édition parisienne qui vit de son pouvoir mais dont, en réalité, l’existence sonne creux. Et tous les personnages satellites, flatteurs, artificiels qui constituent la trame du conte.

Eugène Green n’est pas qu’un cinéaste singulier qui jongle avec les poncifs.

Dans ses films où il aborde les thèmes du théâtre, de la musique («  Le pont des arts « ) de l’architecture («  La Sapienza « ) et ici celui de l’édition, il introduit l’art de façon frontale, sans précaution.

Le Caravage est présent dans la chambre de Vincent qui en compagnie de Joseph assiste dans une église à une répétition du «  Lamentum Matris Euryali  » de Domenico Mazzochi et l’image de la fuite en Égypte est figurée sur une plage de Normandie avec Marie à dos d’âne.

Cela ne l’empêche pas de pratiquer la satire sans plus de précaution et d’aller jusqu’à la caricature en imaginant des personnages de snobs incultes et ridicules dans des situations à la limite du mauvais burlesque.

Chez Eugène Green, la scène de sexe est hors champ et l’accouplement est figuré par les soubresauts des ressorts du lit du point de vue d’un personnage caché.

Un film qui apparaîtra savoureux pour certains et en irritera d’autres.

Francis Dubois


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