En mars 2013, le metteur en scène Pierre Lericq entame avec les comédiens de la compagnie «  Les Épis Noirs  » les répétitions du spectacle «  Festin » , une nouvelle création théâtro-musicale inspirée du mythe de Don Juan qui doit être présentée à Avignon dans le cadre du Festival au mois de juillet.

Autour de Pierre Lericq, douze comédiennes, deux musiciens, une assistante à la mise en scène et l’équipe technique vont s’affairer pendant cinq mois durant lesquels Eric Bru filme les répétitions et traque au quotidien le travail de création.

« Le Festin de Pierre  » est à la fois le portrait d’un auteur-metteur en scène, acteur, compositeur chanteur à la recherche du fil de son spectacle et celui d’une troupe engagée dans une aventure collective d’où se détachent très vite les personnalités saillantes.

Cinéma : Le festin de Pierre
Cinéma : Le festin de Pierre

Eric Bru est, depuis la toute première réunion de travail de l’équipe, le témoin de l’élaboration d’un spectacle qui, pour se construire, doit faire appel à la participation, à l’engagement et au pouvoir créatif de chacun.

Pierre Lericq a-t-il au moment de cette séance initiale, une idée précise de ce qu’il attend des membres de la compagnie et de la finalité de son travail ?

Les flottements de son propos sont-ils la ruse d’un metteur en scène qui espère provoquer, avec un discours vague, chez ses comédiens, un effet déclencheur ou bien ne détient-il alors qu’une idée globale de la création à laquelle lui et les artistes qui l’entourent auront abouti, au moment de la première représentation face au public..

C’est peut-être la fragilité de la construction du spectacle, la lenteur de la mise en place, qui sont la facette la plus intéressante du film d’Eric Bru.

Ce que sa caméra saisit le mieux, ce sont, avec les moments de doute du metteur en scène, ses interrogations sur la façon avec laquelle évoluent les répétitions, son besoin d’entendre des paroles rassurantes de la part de son assistante, les tâtonnements des interprètes, leurs façons dans un premier temps peu professionnelles de dire un texte, de chanter ou d’effectuer une chorégraphie.

Ce long travail de répétitions auquel nous assistons se présente à la façon d’un puzzle dont l’assemblage, dans les premières phases d’élaboration sont loin d’annoncer le motif final.

Mais il arrive un moment où chaque pièce nouvelle pièce placée, agit comme par magie.

C’est en second lieu, cette phase de transformations, la façon dont les choses se construisent de façon presque secrète, presque souterraine que la caméra d’Eric Bru révèle avec émotion, à chaque fois sous un tout nouvel éclairage.

Le film captivera ceux qui s’interrogent à propos de la magie du théâtre. Il révélera la somme de travail nécessaire pendant des semaines et des semaines, le long cheminement de doute et de peur pour qu’une représentation ait lieu, que le public consommera en une centaine de minutes…

Francis Dubois


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