Le 4 novembre 1995, Yitzhak Rabin, alors Premier ministre du gouvernement israélien, est assassiné par un étudiant d’extrême droite opposé au processus de paix, après un discours contre la violence et pour la paix qu’il a prononcé Place des Rois d’Israël à Tel Aviv.
Les accords d’Oslo, pour lesquels il joua un rôle déterminant, établissaient l’autorité nationale palestinienne et lui garantissaient un contrôle partiel sur la bande de Gaza et la Cisjordanie.
Avant la signature des accords, Rabin avait reçu une lettre de Yasser Arafat dans laquelle celui-ci renonçait à toute violence et reconnaissait l’État d’Israël.
Le 9 septembre 1993, Rabin de son côté avait envoyé une lettre à Arafat dans laquelle il reconnaissait l’OLP.
La signature des accords d’Oslo fut suivie d’une vague de protestations en Israël.
Le peuple israélien s’était scindé en deux camps : ceux qui voyaient en Rabin un héros de la cause de la paix et ceux qui le considéraient comme un paria qui bradait des territoires appartenant de droit à Israël.
En 1994, Rabin reçut le Prix Nobel de la Paix qu’il partagea avec Shimon Peres et le leader palestinien Yasser Arafat.
Aujourd’hui, de nombreuses villes israéliennes ont donné son nom à des rues, des parcs, des ponts. Des rues, également, lui rendent hommage à Berlin, Bonn, Chicago, Madrid, New-York, Montréal, Paris, Rome ou Lima…
Le film d’Amos Gitaï est composé d’images d’archives et de scènes de reconstitution mises en scène et jouées par des comédiens
La belle réussite du film est d’avoir trouvé le bon équilibre entre les deux.
Les extraits d’entretiens enregistrés au cours des recherches de documents sont restés tels quels ainsi que ceux enregistrés avec Shimon Peres (ministre des affaires étrangères sous Rabin) et avec Leah, la femme de Rabin.
Les réunions de la commission Shamgar nommée pour élucider les circonstances de l’assassinat de Rabin, présidée par le juge Meir Shamgar auxquels étaient adjoints le Général Zvi Zamir et le professeur Ariel Rosen Svi sont jouées par des comédiens de la même façon qu’est interprété par un acteur, Yogev Yefet, l’assassin de Rabin.
Soixante-dix acteurs et des centaines de figurants ont au total, participé au film.
Pour ce travail de reconstitution, l’exercice a consisté à visionner des archives-vidéos pour leur donner une forme cinématographique.
La reconstitution de l’assassinat de Rabin a été tournée à l’endroit même où il a été abattu.
Les scènes de reconstitution quoique cinématographiquement ciselées (cadre, lumières, jeu des acteurs, casting parfait) se confondent avec les images d’archives selon une alchimie inhérente au talent du réalisateur, comme par un effet de miroir.
La fluidité d’un montage minutieusement construit brasse avec bonheur le document et une fiction qui a la particularité d’être basée sur des documents existants.
Pour chaque dialogue du film, il existe un document attestant des mots véritablement prononcés.
Le film d’Amos Gitaï met en évidence les éléments qui ont mené à l’assassinat de Rabin et à l’anéantissement de tout espoir d’accéder à une paix à bref ou à long terme.
Il signe là, avec maestria, une page affligeante de l’Histoire du Monde.
Francis Dubois
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