Un cinéaste japonais et une cinéaste française décident de faire ensemble, non pas un enfant qui serait jeté en pâture à une société offerte à un avenir de plus en plus inquiétant, mais un « enfant artistique » qui serait un film.

Faire un film comme on fait un enfant avec du désir, de la passion et dont le résultat sera à hauteur de l’attente, un enfant qui « se ressemble ». Le film du couple de cinéastes est un road-movie décalé qui joue sur plusieurs genres : le réalisme, la réflexion sur les thèmes actuels et une science fiction burlesque, de Paris à Fukushima la fiction possible d’un enfant qui se penche sur la société moderne qui va de plus en plus vite et la réalité du nucléaire.

La naissance du film est le fruit de la rencontre entre deux réalisateurs qui vont entamer une aventure en duo, double, artistique et intime.

Pourtant la genèse du «  Cœur du conflit » remonte à avant leur rencontre, plus loin dans le temps de deux histoires respectives et éloignées géographiquement. Judith Cahen portait depuis longtemps le désir d’une création en duo avec un partenaire d’une autre culture.

Les films réalisés par Judith Cahen sont d’inspiration et de facture très différentes de ceux de Masayasu Eguchi. C’est sans doute cette différence de conception du cinéma qui a stimulé leur coopération et qui les a poussés à se lancer dans l’aventure. Chacun a vu dans la différence qui les caractérise, le moyen de le conduire à un autre niveau d’inspiration, à des régions cinématographiques encore inexplorées.

Cinéma : Le cœur du conflit
Cinéma : Le cœur du conflit

Un des déclencheurs du projet a été pour Judith Cahen les paroles à la fois drôles et percutantes de Michel Deguy à la Maison de la culture du Japon en 2013 à propos de Fukoshima. Et ce qui caractérise «  Le cœur du conflit » est justement cet humour, la malice du regard porté sur deux sujets de société qui, si éloignés qu’ils puissent être, n’en sont pas moins des questionnements très actuels. C’est d’avoir conçu un film drôle et léger pour parler de choses graves que sont le nucléaire et la maternité. Judith Cahen et Masayasu Eguchi, elle enjouée, lui plus austère, se complètent parfaitement dans cette partie de cache-cache à deux.

«  Le cœur du conflit  » est une œuvre difficile à classer. Est-ce une comédie, un jeu aussi grave que malicieux auquel se sont livrés deux artistes en questionnement sur ce vingt et unième siècle où tout est remis en question ?

Francis Dubois


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