Gaza est un nom de ville synonyme de confits, d’affrontements, de destruction, de désespoir mais pour Mohammed Assaf et sa sœur Nour qui sont encore des enfants, Gaza est un lieu de vie, un terrain de jeu.
Avec leurs meilleurs amis, Ahmad et Omar, ils sont passionnés de musique et se produisent au hasard des rues devant des publics d’occasion.
Ils amassent des économies pour s’acheter des instruments dignes de ce nom et échafaudent des projets ambitieux.
Mohammed et Nour, les plus déterminés, ont pour objectif de se produire un jour au célèbre opéra du Caire.
Les embûches ne manquent pas et on pourrait penser qu’à la mort de Nour emportée en peu de temps par la maladie, les projets tomberaient à l’eau.
Mais Mohammed dont les talents vocaux sont de plus en plus reconnus ne lâche pas prise.
Devenu jeune homme, il se produit dans les mariages et fait chauffeur de taxi pour payer ses études à l’université.
Tandis que Gaza est en état de siège et que Mohammed Assaf se retrouve dans une véritable prison à ciel ouvert, il est convaincu que sa voix est faite pour rendre le sourire aux gens vivant dans une insécurité permanente.
Il veut participer aux auditions de la très populaire émission «Arab Idol » qui a lieu au Caire, mais les frontières sont infranchissables…
« Le chanteur de Gaza» est l’histoire d’une passion, d’un combat, le symbole d’une survie dans des conditions extrêmes et la récompense d’une détermination acharnée.
Hany Abu-Assad a réalisé un film d’une belle puissance dont l’énergie des premières séquences, celles qui présentent un quatuor d’enfants qui ont tous les culots pour arriver à atteindre les objectifs qu’ils se son fixés, donnent des séquences savoureuses.
Leur détermination est lisible dans le regard aigu de Mohammed ou dans le sens de répartie de Nour, la malice d’Ahmad et d’Omar.
Si la maladie et la disparition de Nour qui occupent le centre du récit, lestent un peu le déroulement du film, celui-ci rebondit dès l’apparition de Mohammed, devenu adulte. La charisme du jeune comédien qui l’interprète apporte ce que le film avait perdu de consistance avec quelques séquences mélodramatiques.
Mohammed Assaf a réellement existé. Ce jeune réfugié palestinien de 22 ans originaire de Gaza a conquis les foules en remportant le concours « Arab Idol » en 2013.
Il est devenu symbole de paix et l’incarnation d’un nouveau champ des possibles.
«Le chanteur de Gaza» est un récit d’espoir et de succès où un jeune garçon et sa sœur ont su, très jeunes, tirer des avantages de leurs handicap et ont rendu possible l’impossible.
Alors qu’ils venaient de nulle part, ils ont surmonté tous les obstacles, la pauvreté, l’oppression, l’occupation.
Les quatre jeunes gazaouis qui interprètent les enfants sont remarquables de naturel et de spontanéité et le fait que le film ait été tourné en décors naturels contribue à une tonalité générale réussie.
Francis Dubois
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