Bartabas crée, au début des années quatre-vingt «  Le cirque Aligre  » qui renouvelle totalement un genre resté jusque-là attaché à ses codes et traditions. En compagnie de ses comparses Igor et Branlotin, il propose alors un spectacle audacieux et provocateur. Les tout premiers signes de la « légende Bartabas » datent de cette époque.

Les trois artistes se séparent quelques années plus tard : Igor crée «  La volière Dromesko  » et « Branlotin » se fait rare même s’il continue à donner parfois son spectacle de dresseur de rats.

Pendant ce temps, Bartabas joue « cavalier seul » et invente « Zingaro « . Ses spectacles avec chevaux remportent un vif succès et sont très vite représentés partout dans le monde.

Bartabas laisse alors de côté l’audace et la provocation au profit d’une sagesse basée sur la poésie, l’esthétique et le recours à des légendes et traditions musicales.

Sa troupe s’installe au Fort d’Aubervilliers d’où elle rayonne avec un succès intact auprès d’un public nombreux.

Cinéma : Le Caravage
Cinéma : Le Caravage

Bartabas est devenu une icône, un personnage mythique sachant cultiver sa part de mystère jusqu’à l’énigmatique.

C’est l’amoureux des chevaux, Bartabas et son talent équestre exceptionnel, ses amis et ses partenaires, son cheval Caravage, qu’Alain Cavalier est allé filmer au Fort d’Aubervilliers d’une caméra patiente, pour saisir au plus près les personnes et les animaux, une sorte d’intimité charnelle et capter au passage le climat à la fois ordinaire et singulier du lieu.

Il filme à la périphérie de son sujet, pour mieux y revenir, les jeunes palefrenières à l’œuvre auprès des chevaux, brossant, étrillant, tressant de leurs mains expertes, toute dévouées à l’animal et au maître.

De gros plans sur les naseaux, sur le crin, le muscle frémissant, le sabot emmailloté conduisent sans hâte à l’essentiel du sujet : le cavalier et son cheval.

Peut-on appeler « scènes de travail » les moments que passent ensemble le grand écuyer et sa monture partenaire.

C’est ici que tout le talent d’Alain Cavalier intervient, quand il s’agit de capter la part mystérieuse du « jeu » entre les deux, ces silences où se faufile une telle complicité entre l’homme et l’animal que point n’est nécessaire de donner des ordres ou des indications.

C’est comme si le cheval anticipait sur ce que l’homme attend de lui. C’est comme si la complicité se jouait sur la tendresse réciproque.

Les admirateurs de Bartabas y trouveront leur compte. Ceux que l’homme de la piste passionne ou ceux qui aiment à regarder de près de beaux chevaux aussi.

Francis Dubois


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