Amed, Mohamed et Wally, réfugiés de Guinée et du Mali ont été recueillis par Robert, Simon et Sophie dans leur maison du bord de la Manche, siège de l’association « des lits solidaires »
Ils vont vivre ensemble le temps d’un bel été.
Le sujet du « bel été » est bien sûr lié à une actualité brûlante mais n’implique nullement un changement de méthode dans la politique d’accueil des immigrés en France. Les immigrés sont là, heureux dans l’instant, avides d’échanges, curieux et pressés d’apprendre et le projet cinématographique de Pierre Creton est de filmer à partir de la rencontre, ce qui en découle, ce qu’il advient de la vie. Entre l’espace de la rencontre et celui de l’engagement, il y a l’espace de l’amitié.
Sophie Lebel qui interprète Sophie dans le film a fait rencontrer au réalisateur un réseau de familles d’accueil et la présidente de l’association « Des lits solidaires » dont l’existence a vu le jour un an avant le tournage.
Pierre Creton a rencontré des jeunes qui y résidaient sans savoir lesquels seraient présents dans son film et lorsqu’il a rencontré Mohamed et Amed, il a décidé de devenir « Tiers accueillant » et que les deux garçons vivraient chez lui.
Dès lors, le scénario qui était déjà écrit a connu des modifications en conséquence de cette décision.
« Le bel été » est une aventure en sourdine, l’expression de toute le désintéressement, toute la générosité dont est capable l’être humain.
Le devenir de ces deux garçons est incertain, il reste en question mais c’est ici l’instant présent qui compte. Auront-ils jamais une nouvelle occasion de cueillir des baies de sureau et d’apprendre à les égrener mais tout à coup, ce simple moment qui réunit joyeusement les uns et les autres devient une leçon d’apprentissage, une leçon de choses à porter à un capital de connaissances que vont engranger les deux garçons.
Il y a dans une simple séance de lecture appliquée, laborieuse, acharnée,assez de chaleur et d’amitié pour remplir les cœurs et laisser de côté ce qu’il adviendra de demain.
« Le bel été » est un film qui repose sur un effet de contraste.
Au premier abord, il apparaît comme un film en liberté, serein voire joyeux alors qu’en filigrane, derrière les relations chaleureuses, une situation douloureuse, le déracinement, l’isolement et surtout le redoutable questionnement qui pèse sur l’avenir.
Si le film débute sur des images de Calais et si par la suite, il intègre des plans de « L’héroïque land » , le film de Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval tourné dans « la jungle de Calais », « Le bel été » se passe presque essentiellement à Vattetot-sur-mer.
C’est alors un film lumineux sur la noirceur du monde, sur le désarroi de peuple rejetés à la fois par leur pays d’origine et par le pays d’accueil, une parenthèse joyeuse mais sans doute éphémère…
Une très belle réflexion sur l’état du monde qui fait la nique à la peur de l’étranger et aux entorses aux règles de la solidarité.
Francis Dubois
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