Au bord de la Méditerranée, en plein été, sous un soleil de plomb.

Pour cacher leur butin, deux cent cinquante kilos d’or en barre, fruit de l’attaque d’un fourgon, Rhino et ses comparses ont trouvé l’endroit idéal : un village quasiment en ruines, coupé de tout et provisoirement occupé par un artiste solitaire en panne d’inspiration.

La cohabitation est harmonieuse jusqu’à ce que des invités surprise (la femme de l’artiste et son fils) et deux flics tenaces s’invitent et viennent jeter le trouble dans la quiétude de ce décor de vieilles pierres.

Ce lieu paradisiaque autrefois le théâtre d’orgies et de happenings, va se transformer en un véritable champ de bataille impitoyable.

Cinéma : Laissez bronzer les cadavres
Cinéma : Laissez bronzer les cadavres

« Laissez bronzer les cadavres  » est adapté du roman éponyme de Jean-Patrick Manchette.

Dans les années soixante dix, plusieurs écrits de cet auteur en vogue qui doublait ses énigmes d’un arrière-plan politique indéniable, faisaient l’objet d’adaptations pour le cinéma. Et beaucoup, même Claude Chabrol, s’y sont cassés le nez.

Ici, Hélène Cattet et Bruno Forzani ont, tout au moins partiellement, relevé le défi : l’univers des romans de Manchette est parfaitement restitué même si le bord de la Méditerranée a remplacé ici les montagnes cévenoles.

Le décor rocailleux, les ruines d’un hameau abandonné encadrent magnifiquement cette histoire de magot convoité et la quiétude des premiers plans laissera progressivement place à de farouches duels au revolver.

Pour le traitement de l’histoire policière de plus en plus sanglante, les deux réalisateurs ont complètement renoncé aux codes cinématographiques habituels du genre pour laisser place à une sorte d’exercice de style qui peut convenir ou pas du tout, pour donner vie à cette opposition de malfrats auxquels se sont ajoutés des invités du hasard.

Les personnages de l’histoire sont décalés. Le magot, les oppositions et les trahisons qu’elles engendrent sont ici réduits à l’état de prétexte pour une caméra qui va dénicher les protagonistes dans la pénombre, peut-être pour mieux les débarrasser de caractères et de psychologie.

Les personnages sont le plus souvent réduits à l’état de silhouettes et c’est un peu comme si, lorsqu’un protagoniste devient trop précis, on détournait de lui tout signe de reconnaissance, comme si on brouillait les pistes.

En l’état, le film n’est pas sans charme et il s’en dégage parfois des atmosphères envoûtantes, plus oppressantes que chargées de suspense. Mais difficile de savoir à travers l’option narrative choisie si le risque de cliché est écarté ou si au contraire, on cède au cliché pour mieux le détourner.

Une conception originale du film policier.

Francis Dubois


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