Dans la calanque de Méjan, près de Marseille, Angèle débarque en plein hiver.

Elle est venue rejoindre ses frères Joseph et Armand.

Tous trois se retrouvent au chevet de leur père plongé dans un état d’inconscience depuis l’accident cardiaque qui l’a terrassé.

Angèle a privilégié sa carrière d’actrice et négligé sa famille pendant qu’Armand a continué de s’occuper de son petit restaurant d’une saison touristique à l’autre et que Joseph écrivain raté, idéaliste et amer, semble avoir trouvé un bonheur fragile auprès de Bérangère, de trente ans sa cadette.

Issus d’un monde ouvrier, ils sont restés fidèles à des valeurs que le père leur a transmis, un monde de solidarité et de fraternité qu’ils avaient pu maintenir autant que possible, dans ce lieu quasi magique resté à l’abri des vicissitudes du monde moderne galopant.

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Robert Guédiguian est un tendre qui porte à tous ses personnages, une amitié, un attachement touchants. Il les situe ici dans un lieu où les vieilles valeurs peuvent encore résister au temps et à une modernité ravageuse.

Il les a placés dans cette sorte d’écrin qu’est la calanque de Méjan. Un îlot à l’abri de ses parois rocheuses que viennent presque lécher le clapotis des vagues et la balancement des bateaux de pêche.

La villa dont ils ne savent pas ce qu’ils en feront quand le père disparaîtra, bâtie à flanc de rocher, semble veiller en sentinelle sur ce petit monde encore épargné.

Chez Robert Guédiguian, le jeune pêcheur au filet connaît des textes de théâtre par cœur et peut citer des tirades de Paul Claudel, le restaurateur a à ce point le cœur sur la main qu’il a créé, dans la garrigue, un abri pour animaux où se retrouvent lapereaux et corbeaux et l’écrivain manqué a des élans de générosité qui résistent à son naturel bougon.

Mais dans cet îlot paradisiaque ou même la mort a des accents de générosité, apparaissent un jour des soldats en arme qui sont là pour débusquer l’immigré comme on piégerait un gibier nuisible.

Les trois gamins sans doute miraculés d’un naufrage où leurs parents ont disparu ne pouvaient pas tomber mieux que dans ce havre de générosité.

Deux frères indissociables et leur grande sœur dans lesquels Angèle, Armand et Joseph se sont tout de suite reconnus et dont la présence silencieuse et méfiante les renvoie au temps de leur enfance.

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Mais les temps ont changé et le moment de l’enfance, contrairement à ce qu’ont connu Armand, Angèle et Joseph, n’est plus celui de l’insouciance.

La douleur, la tragédie ont pris de l’avance et précipité la chronologie des étapes d’une vie.

Mais avec ces trois petits qui arrivent, la calanque va peut-être revivre.

Angèle, Joseph et Armand vont laisser sur le bord de la route leurs illusions d’un temps révolu. Ils vont se consacrer aux trois enfants, maintenir debout le restaurant, la colline et leurs idées du monde. Et la villa qu’on s’apprêtait à vendre, va retrouver sa raison d’être avec cette famille tombée du ciel.

Le film de Robert Guédiguian repose d’un bout à l’autre sur un angélisme forcené pour prendre très vite la forme d’un conte moderne où la fin d’une époque, les difficultés du quotidien, la méchanceté du temps, en lorgnant vers le mélodrame, constituent un parcours qui débouchera sur un meilleur accord de chacun avec lui-même….

Si Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan ou Jacques Boudet restent dans une tonalité de jeu qui évite les épanchements, si Anaïs Demoustier, Robinson Stévenin ou Yann Tregouet, apportent une spontanéité bienvenue et une fraîcheur de jeu, l’interprétation larmoyante d’Ariane Ascaride qui saute à pieds joints dans le mélodrame, alourdit considérablement le film.

Francis Dubois


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