Farah, petit paysan algérien, montre beaucoup plus d’attentions à l’égard de sa vache Jacqueline, qu’envers Naïma, son épouse.
Après plusieurs tentatives avortées d’inscription au Salon de l’Agriculture, il finit par recevoir enfin, un beau jour, une réponse positive.
Lui qui n’a jamais quitté le bled se voit mis au pied du mur. Il doit prendre le bateau pour Marseille et traverser toute la France à pied pour rejoindre à temps, la Porte de Versailles.
Le road-movie qu’entreprend le surprenant duo ira de rencontres en surprises, sera ponctué de nombreuses péripéties. Il sera aussi l’occasion de vivre une aventure humaine faite de moments d’entraide, de rire et d’émotion dans la France d’aujourd’hui.
« La vache » repose sur le personnage de Farah dont la constante bonne humeur s’assortit d’un touchant mélange de naïveté et d’humanité.
Sa candeur sera, tout au long du périple, contrebalancée par sa détermination à aller coûte que coûte jusqu’au au bout de son voyage.
Farah qui ne se laisse jamais désarçonner par les mésaventures qui jonchent son parcours n’est pas dépourvu de son bon sens de terrien.
Le film de Mohamed Hamadi n’est pas une comédie débridée à tout prix et les mésaventures qui ponctuent le voyage de Farah et de sa vache sont toujours mesurées, assez contrôlées pour ne jamais tomber dans la facilité, le gag complaisant.
Le réalisateur est parvenu à donner à son récit un rythme soutenu, à provoquer le plus souvent le sourire, quelquefois le rire, tout en prenant le temps d’amener sans précipitation les situations et de saisir au passage, de vrais moments d’émotions.
Plus qu’un film hilarant, « La vache » est un film de bonne humeur communicative
Tous les personnages secondaires y ont leur place et le bled est omniprésent qui, tout au long du récit, est un hommage du réalisateur à ses racines, à ses parents et au choc que l’immigration a représenté pour eux.
Quant aux personnages principaux, depuis Farah jusqu’au Comte Philippe, aristo désargenté dépressif, en passant par Hassan, le beau-frère, interprété par Jamel Debbouze, ils ne sont jamais dans la caricature. Mohamed Hamadi les a « contrôlés », a nourri chacun avec un souci de délicatesse, pour qu’ils gardent leur humanité.
Les dialogues qui sont une part importante du film sont enlevés, efficaces, ciselés. S’ils sont souvent très drôles, ils peuvent ausi conduire à l’émotion.
Fatsah Bouyahmed compose un Fatah savoureux sans jamais déborder les limites de la bonne mesure…
Réjouissant !
Francis Dubois
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