En 1956, en Allemagne de l’Est, pour Kurt, Théo, Lena et leurs camarades, c’est l’année du bac. Hostiles à l’oppression de l’armée soviétique en Hongrie, ils décident, après avoir écouté une émission sur une radio interdite, chez l’oncle anarchiste de l’un d’entre eux, de respecter, en début de cours, une minute de silence en signe de soutien aux révolutionnaires hongrois.

Cette minute de silence attire l’attention en hauts lieux avant de grossir et de devenir une véritable affaire d’Etat.

Pour couper cours à la récupération de l’incident et mettre fin à une escalade périlleuse, Kurt, Théo et leurs amis décident de mentir et de dire quand on les interrogera sur les raisons de cette minute de silence, qu’il s’agissait pour eux de rendre hommage à un sportif récemment disparu.

Mais il est trop tard. La machine répressive est déjà lancée. Et il n’est plus question pour les autorités que de savoir lequel des élèves de la classe est à l’origine de l’idée de cette minute de recueillement.

culture/cinéma/révolution silencieuse
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Les jeunes gens se trahiront ils ou feront-ils front ? Certains feront-ils preuve de lâcheté ou tous, resteront-ils solidaires en dépit des manœuvres de chantage auxquelles ils sont soumis et de la menace de voir toute la classe, interdite d’examen en fin d’année. Ces dix-huit adolescents se trouvent confrontés à un gouvernement est-Allemand déterminé.

Un producteur donne à lire, il y a dix ans, à Lars Kraume, le livre de Dietrich Gorsika, «La classe silencieuse». Cinq ans plus tard, le réalisateur lance les premiers jalons d’une adaptation de ce roman qui traite de la situation en Allemagne après le Troisième Reich.

Le film repose sur les souvenirs personnels de l’écrivain. En 1956, le mur n’est pas encore construit, En RDA, on a toutes les raisons de croire que le socialisme est une bonne réponse au capitalisme et dans le film, Lars Kraume a tenu à éviter de donner une image trop sinistre, telle qu’on la décrit trop souvent, de l’Allemagne de l’Est.

L’action du film est située dans la ville de Stalinstadt, une agglomération modèle à la pointe de la modernité à l’époque, pensée entièrement pour les ouvriers de la sidérurgie; mais comme dans toute l’Allemagne, le silence règne autour de la guerre et de l’implication de ceux de la génération précédente dans le régime nazi.

C’est ainsi que les personnages du film sont façonnés par leur incapacité à affronter leur propre histoire.

«La révolution silencieuse» est une réalisation solide et efficace et, à travers ces dix-huit adolescents, la parfaite illustration de la prise de conscience de jeunes gens qui seront à partir d’une pulsion politique, non seulement confrontés à un régime totalitaire mais également à un passé récent mais déjà enfoui.
L’idéalisme des jeunes lycéens, dans un souci louable d’efficacité, est tracé à gros traits et chaque personnage est prisonnier des limites de ses caractéristiques prévisibles. Les origines sociales de chacun sont bien réparties de sorte que les histoires de chacun assorties à son caractère, mises bout à bout, dressent un tableau complet de l’histoire intime du pays et de l’époque.

Irréprochable est le qualificatif qui convient le mieux à ce film où tout converge à une parfaite démonstration tant sur le plan individuel que sur le plan politique.
Mais le lui reprocher serait revenir à reprocher au passé de ne pas avoir d’imagination.
C’est très bien interprété dans une tonalité de jeu assortie au traitement du sujet.
Un récit cohérent et efficace.

Francis Dubois


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