Veronika est une étrange jeune fille qui vit hébergée par un couple de chercheurs retirés dans une cabane perdue au fond de la forêt. Mystérieusement blessée au côté, elle confie à Fabian, un jeune médecin qui se trouve être le frère d’Alejandra, qu’elle a été mordue par un chien.

Alejandra qui vit avec Angel, son mari, un être peu rustre et leurs deux jeunes garçons, est dans la tourmente conjugale. Leur couple traverse un crise peut-être ravageuse.

Mais quelle est la mystérieuse créature que M.Vega et sa compagne Marta, étudient dans leur repère au fond de la forêt ? Existe-t-il un rapport entre ce monstre à tentacules, la blessure de Véronica et l’ énigmatique attaque dont a été victime Fabian dont le corps a été retrouvé gisant dans une mare voisine?

Et quelle est la nature des rapports qu’entretenaient Angel et Fabian?

Cinéma : La région sauvage
Cinéma : La région sauvage

L’idée originale du film de Amat Escalante lui est venue à la lecture de deux articles d’un journal local de Guanajuato, un village empreint de valeurs traditionnelles et conservatrices situé dans l’état le plus catholique du Mexique.

L’un des articles parlait d’une jeune femme qu’une de ses connaissances avait tenté de violer en pleine forêt. Elle avait échappé à son agresseur mais tous les deux avaient été blessés au point de se retrouver à l’hôpital où ils avaient été placés dans la même chambre, situation qui avait amené la rumeur à la traiter de «pute».

Le second article montrait une photo du corps d’un homme flottant dans une pièce d’eau avec, en légende « Une tarlouze retrouvée noyée». Cet homme qui était un infirmier reconnu pour son efficacité et sa gentillesse, au lieu de laisser le souvenir de sa générosité professionnelle, laissait celui d’une « tarlouze »…

A partir de ces deux faits divers qui ont rapport au sexe et à ses pulsions parfois incontrôlables, Amat Escalante a imaginé une créature qui représenterait le sexe à l’état pur dont le simple voisinage conduirait les hommes et les femmes à n’avoir pas d’autre choix que de se livrer totalement à leur instinct bestial.

Une créature qui ne les livrerait pas seulement à une abandon physique mais également à un abandon mental.

Et en ajoutant un aspect fantastique à l’histoire, il crée une représentation symbolique de la complexité ambiguë du «Cas» freudien qui est la partie obscure de notre personnalité, celle où se réfugient les instincts de l’être humain, la source de nos besoins corporels, de nos désirs, de nos pulsions.

Amat Escalante joue avec une belle virtuosité sur le réalisme quotidien et sur le fantastique. Il joue de la même façon avec des décors qui passent de cadres bucoliques à des enfermements glauques et de la même façon avec des personnages dont on ressent au mieux de leur sérénité, la part diabolique de leur personnalité.

Il utilise des décors familiers très contrastés allant jusqu’à rejoindre le cliché : la maison au fond des bois est un élément de la représentation du fantastique et à contrario le cadre de vie d’un couple ordinaire, renforcé par la présence spontanée de leurs deux jeunes enfants.

La distribution est parfaite et chacun des comédiens s’acquitte de sa partition soumise à des contrastes, avec brio. Mention spéciale à la jeune Ruth Ramos qui interprète Alejandra dont l’apparence physique entre douceur et machiavélisme, va de pair avec un jeu dramatique tout en ambiguïté.

Une œuvre étrange et saisissante.

Francis Dubois


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