Efrooz est la capitaine d’une équipe féminine de Futsal en Iran qu’elle entraîne avec une joviale énergie depuis onze ans. Alors que le rêve qui était dans les esprits des joueuses de se trouver en finale de la Coupe d’Asie devient réalité, Efrooz se voit interdire l’accès au vol en direction de Malaisie sur la demande de son mari qui, en toute légalité, lui interdit de sortir du territoire. Car, en Iran, une femme doit avoir l’autorisation de son mari pour voyager. Efrooz tente par tous les moyens de faire revenir son mari sur sa décision.
Le film s’inspire d’événements réels.
L’interdiction de voyager sans l’autorisation de son mari est un fait courant en Iran. Une interdiction qui touche les athlètes ou les artistes au moment où généralement la proposition de voyager correspond à une étape déterminante dans leur vie, un virage important dans une carrière.
Dans le film de Soheil Beiraghi, l’impossibilité pour Efrooz d’embarquer pour la Malaisie met à bas des années de pratique acharnée au moment précis où elle était sur le point d’aboutir.
Mais la loi est la loi et beaucoup d’iraniennes qui ne la connaissent pas assez se sont trouvées dans la situation similaire à celle d’Eftooz.
L’option du réalisateur était de sensibiliser le plus possible le public qui verrait le film aux abus de pouvoir machiste qu’un mari peut imposer à son épouse.
Il a, pour cela, opté pour un récit linéaire et démonstratif dont il assume avec beaucoup de virtuosité les retombées attendues.
Une mise en scène au cordeau qui touche parfois presqu’ à la stylisation apporte au film une rigueur narrative, une exigence qui le font échapper à tout risque de tomber dans la moindre facilité.
Cette rigueur est soutenue par l’interprétation de Baran Kosari qui fait d’Efrooz, un personnage combatif charismatique et d’Amir Jadidi un mari inflexible qui laisse filtrer les signes d’une fragilité jusque dans son autoritarisme aveugle.
Permission signifie une action de permettre quelque chose, une autorisation de sortie mais également, le mot appartient au langage militaire quand le mot signifie, une autorisation accordée à un soldat.
Un soldat, Efrooz l’est dans le combat acharné qu’elle mène pour sa liberté. Elle l’est tout autant dans sa soumission à une règle réputée absurde.
Le film de Soheil Beiraghi est l’illustration du poids d’un interdit tout aussi aveugle, qui remonte à des règles ancestrales et obsolètes, à un acharnement à maintenir une société dans des carcans moraux d’un autre temps.
Un paradoxe quand il s’agit d’un pays qui, dans de nombreux domaines, est en marche vers la modernité.
« La permission » est une film d’une grande force sur le sujet.
Francis Dubois
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