Après la trilogie de Yussuf (« Oeuf », «Lait », «Miel» ), Semih Kaplanoğlu revient avec une dystopie sur fond de désastre climatique.

La ville appartient à Novus Vita, une multinationale spécialisée dans les modifications génétiques. Ne sont acceptés que les enfants génétiquement «sains», et des boucliers magnétiques interdisent d’entrer ou de sortir sans autorisation. Les populations exclues sont rejetées dans la région des Terres Mortes où le sol est empoisonné, et où menacent les pluies acides, les épidémies et la famine meurtrières.

Le professeur Erol Erin, ingénieur en génétique, spécialiste des semences, tente de comprendre pourquoi les récoltes deviennent catastrophiques. Tout ce que l’homme a créé en biologie synthétique meurt, y compris la dernière semence de blé. Un ancien chercheur Cemil AKman, auteur d’une thèse controversée sur la particule M, a été banni de la Ville et vit désormais dans une zone tampon entre la Nature délaissée et les Terres Mortes.

Selon cette théorie la particule M est l’élément premier de la création que ne peuvent recréer les scientifiques. Sans cette particule, les semences génétiquement modifiées ne peuvent pas s’adapter, s’inscrire dans la mémoire de l’univers et la vie les rejette. Aidé d’une scientifique (?) qui l’aidera à passer le mur, Erol Erin part à recherche de Cemil Akman.

On pourrait apparenter « La particule humaine» à différents genres cinématographiques. Les grands espaces parcourus par les deux chercheurs (qui ont des airs d’aventuriers) font penser au western.

C’est aussi un récit intimiste avec des protagonistes de plain pied avec leur quotidien et c’est surtout une film d’anticipation proche avec un fantastique presque familier.

Cinéma : La particule humaine
Cinéma : La particule humaine

Tourné en 35 mm dans un noir et blanc somptueux et dans des paysages d’Anatolie de toute beauté, le film n’est pas sans tisser des liens avec Stalker de Tarkovski (Semih Kaplanoğlu souhaitait tourner son film à Tchernobil, mais il n’a pas obtenu les autorisations nécessaires).

Arrivé à la fin de son périple, c’est peut être sa particule humaine qu’aura trouvé Erol Erin, joué par Jean Marc Barr grisonnant sous son bonnet noir.

Une œuvre superbe et envoûtante.

Francis Dubois


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