1998, dans la région de Kivu à la frontière entre le Congo et le Rwanda. Pendant que la deuxième guerre du Congo fait rage, le sergent Xavier héros de guerre rwandais et le jeune soldat Faustin ont perdu tout contact avec leur bataillon. Isolés et sans ressources, ils doivent affronter la jungle la plus vaste, la plus épaisse, la plus hostile et dangereuse du continent. Souffrant de sous nutrition, ils affrontent la soif et la malaria et doivent faire face à leurs propres tourments et à ceux d’un territoire ravagé par la violence guerrière.

Cinéma : La miséricorde de la jungle
Cinéma : La miséricorde de la jungle

Faisant suite au génocide rwandais, la seconde guerre du Congo éclate en 1998 dans la région des Grands Lacs à l’est du Congo. Le conflit concerne neuf pays africains, l’Angola, le Zimbabwe, la Namibie, le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi, le Congo, Le Tchad et le Soudan.

Les premières victimes de cette guerre terriblement meurtrière exposées à la fois à la cruauté militaire et à celle non moins aveuglement cruelle de milices locales, sont les civils déplacés, vivant dans des camps de réfugiés saturés, exposés à la famine et à la maladie.

Les armes de guerre ne sont plus exclusivement les tirs de mortiers. Ce sont aussi la domination aveugle, la torture, le viol, la destruction des infrastructures sanitaires et du tissu social de base.

Joël Karekezi est un rescapé du génocide. A huit ans il a vu des rues jonchées de cadavres, l’eau s’écouler couleur du sang, des corps d’enfants renvoyés par le ressac, des visages connus habités de haine, armés de manchettes et qui se vantaient d’avoir tué des amis, des voisins.

Lorsque son père tutsi a été tué, l’enfant qu’il était alors a dû se cacher pour survivre et a connu l’horreur des camps.

En tant que survivant, il a décidé de devenir un avocat de la paix et de rendre compte de la réalité de la guerre.

C’est dans ce but qu’il s’est tourné vers la cinéma et, qu’après avoir pris des cours de réalisation et appris les bases de l’écriture, il s’est lancé à corps perdu dans la réalisation d’un premier long métrage autoproduit «  Imbazi, le pardon » qui se situe pendant le génocide.

A la suite de quoi, il s’inspire de l’histoire vécue d’un cousin perdu dans la jungle qui, avec un camarade, a passé six mois à tenter d’y survivre.

« La miséricorde de la jungle » se partage en deux temps contrastés. Une première partie qui se passe dans la forêt congolaise où les deux personnages errent, esseulés, constamment sur le qui-vive sans eau ni nourriture alors que partout autour d’eux, la guerre fait rage.

Une seconde partie où, trouvant asile dans un village, ils peuvent reprendre contact avec leur régiment et se remettre de plusieurs semaines d’errance.

Considérant qu’en tant que cinéaste africain, il était de son devoir de raconter cette histoire, Joël Karekezi a réalisé une œuvre qui, malgré ses particularités, reste intemporelle et qui, par sa sobriété narrative, garde à hauteur d’homme un récit qui aurait pu dériver vers l’épopée héroïque.

Œuvre à la fois modeste et flamboyante, «  La miséricorde de la jungle  » maintient la lumière du souvenir sur un épisode particulièrement cruel et confus de l’histoire de l’Afrique dont la commémoration vient d’être célébrée.

Francis Dubois


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