Sa hiérarchie demande à Duval, à l’heure de fermeture des bureaux, de préparer pour le lendemain à la première heure, le dossier d’un client. Celui-ci se rend très vite compte, même après une nuit entière de recherches, que ce qui lui a été demandé était impossible…
On retrouve Duval au chômage deux ans plus tard. Les dés étaient sans doute pipés et le dossier impossible à constituer a servi de prétexte à son licenciement.
Alors qu’il est résigné à l’inactivité, il est contacté par Clément, un homme d’affaires énigmatique qui lui propose un travail simple et bien rémunéré : retranscrire des écoutes téléphoniques enregistrées sur cassettes seul, dans un appartement vide.
Financièrement aux abois, Duval accepte la proposition sans se renseigner plus avant sur l’organisation qui l’emploie.
Tout se passe calmement jusqu’au jour où, dans l’appartement où il travaille dans le plus grand secret, se présente Gerfaut, un homme en possession des clés, qui se dit être un collaborateur de Clément qui l’a chargé de récupérer un des enregistrements. L’homme inspire confiance à Duval qui se laisse convaincre de l’assister une nuit, dans la récupération d’un dossier qui devait se dérouler sans problème mais qui se solde par la mort d’un vigile.
Le lendemain, convoqué par Clément, Duval est conduit dans une pièce où Gerfaut ensanglanté, vient d’être torturé.
Duval comprend bientôt qu’il est plongé au cœur d’un complot politique. Pris dans une redoutable spirale, il n’a d’autre choix pour sauver sa peau, que d’affronter la mécanique brutale du monde souterrain des services secrets.
Sur le thème rabâché du quidam qui, dans un souci de survie, est amené à jouer le jeu du héros auquel rien ne le préparait, Thomas Kruithof dont « La mécanique de l’ombre » est le premier long métrage, réalise sur un scénario original et solidement mené, un film efficace qui doit autant à la maîtrise de la mise en scène qu’aux interprètes : François Cluzet magnifique dans un rôle quasi-mutique, Denis Podalydès grandiose dans l’exercice d’un machiavélisme serein, Sami Bouajila parfait dans l’ambiguïté ou Simon Abkarian en « fort en gueule » destitué. Sans oublier Alba Rohrwacher éblouissante dans un rôle en demi-teinte.
Thomas Kruithof procède par touches successives tant dans le contour de ses personnages que dans l’élaboration de la construction dramatique.
Le suspense n’est jamais frontal mais chaque séquence et le jeu subtil des comédiens distille un malaise qui, reconduit, installe dans des situations nouvelles l’impression que le piège se resserre un peu plus sur Duval jusqu’à atteindre le point à partir duquel il va réagir pour aller bien au-delà de ses limites.
« La mécanique de l’ombre » est un thriller politique de bout en bout convaincant qui dénonce les mécanismes du pouvoir peu soucieux des personnes.
Une démonstration efficace d’une grande force narrative.
Un premier long métrage convaincant.
Francis Dubois
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