Lin Aiyu est une clandestine chinoise. Elle est hébergée avec Cerise, sa fille adolescente, dans le grand appartement d’un vieux monsieur grabataire dont elle s’occupe.
Le reste du temps, elle se prostitue en secret, dans les rues de Belleville.
La vie de Lin Aiyu et de Cerise bascule le jour où un inconnu, endetté et poursuivi par des malfrats, pénètre dans l’appartement et s’y installe brutalement.
En retour de son silence et du remboursement de ses dettes, Lin Aiyu propose à Daniel un mariage blanc qui lui permettrait de régulariser sa situation de clandestine.
Tantôt ravisseur, tantôt prisonnier, l’homme accepte le marché.

Naël Marandin connait bien la communauté chinoise de Belleville et la justesse avec laquelle il la présente est, avec un casting irréprochable, le grand atout de son film.
Lin Aiyu et ses amies forment une sorte de famille parallèle dans un esprit de bonne humeur et de solidarité.
Elles sont toutes logées à la même enseigne et ont à peu près toutes la même histoire. Elles ont quitté la Chine pour la France où elles se sont introduites clandestinement et à défaut de trouver un travail dans leurs cordes, elles se sont retrouvées prostituées et sont tombées dans le piège de l’argent facile.
De temps en temps, l’une d’elle tombe sur un client qui tombe amoureux et qui peut-être l’épousera. En attendant, elles vivent le plus joyeusement possible dans l’incertitude et le danger de tomber sur une rafle qui les renverrait à la case départ, dans un centre de rétention.

Cinéma : la marcheuse
Cinéma : la marcheuse

La partie documentaire du film est la plus réussie mais il n’est pas gênant que vienne s’y greffer une fiction, même si elle n’est pas toujours totalement crédible.
L’intrusion dans l’appartement d’un homme traqué, le marché que Lin Aiyu engage avec lui, l’attirance fugitive qu’ils vont avoir l’un pour l’autre et les premiers émois amoureux de l’adolescente attirée par le fuyard sont les éléments prévisibles du récit que relève l’interprétation des trois comédiens principaux.
Yannick Choirat (comédien de théâtre sous-utilisé au cinéma) s’acquitte très honorablement de sa partition. Derrière le mauvais garçon qu’il a la charge d’interpréter se cache une fragilité touchante. Ses deux partenaires féminines lui donnent la réplique avec grâce.

Au final, un film très agréable à voir, qui distille une petite musique singulière et renseigne de façon efficace sur l’immigration chinoise à Paris.

Francis Dubois


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