Marc Chataigne est stagiaire au Ministère de la Norme, pourquoi pas ! Sa hiérarchie l’envoie en mission en Guyane pour rédiger un rapport sur le projet « Guyaneige » qui devrait donner existence la création de la première station de ski dans la jungle et relancer le tourisme dans la colonie française.
La mission n’est pas simple et la nature mi fantaisiste, mi lunaire du jeune fonctionnaire ne va pas simplifier les choses et donner lieu à l’essentiel du film.
D’autant plus que ses responsables à Paris l’ont flanqué d’une assistante qui n’a pas froid aux yeux et dont le comportement est parfois imprévisible.
Il y avait matière à réaliser une comédie trépidante sur cet argument mais Antonin Peretjatko semble, pour faire avancer son récit, avoir choisi de passer par le chemin étroit entre la multiplication des clichés (ce qu’il revendique) et une exploitation parcimonieuse des gags dont il a émaillé son scénario sans compter.
Du coup, son film souffre paradoxalement à la fois d’une cadence endiablée et d’un manque de rythme.
Les gags surviennent en vrac. Ils sont d’inspiration inégale, souvent prévisibles.
Le potentiel comique de Vincent Macaigne atteint vite ses limites et celui de Tarzan, sa coéquipière que joue Vimala Pons, tombe souvent en panne ; le tout donnant au final un film plus agité que rythmé, un peu traînant, à la recherche d’un vrai souffle.
La jungle où se sont égarés les deux protagonistes fournit l’essentiel de la dynamique comique du récit avec l’apparition d’insectes de toutes sortes, ses serpents pacifiques, voraces ou menaçants, ses singes farceurs, des racines au sol pour trébucher, des lianes pour se déplacer et des branches maîtresses d’ arbres pour faire des lits de fortune.
Mais la jungle du titre n’est pas seulement un espace de végétation enchevêtrée où on a toutes les chances de s’égarer. Le récit nous prouve que la jungle peut être également urbaine, administrative, économique ou politique et entre deux effets comiques, Antonin Peretjatko s’attaque aux pratiques des décideurs en haut lieu, aux rouages machiavéliques, à des tractations mensongères.
« Les lois de la jungle » renvoie aux comédies françaises célèbres reposant sur des couples d’acteurs menant tambour battant des aventures rocambolesques.
Quand Jean-Paul Rappeneau réunissait Catherine Deneuve et Yves Montand ou De Broca, Jean-Paul Belmondo et Françoise Dorléac, ils s’appuyaient sur un scénario solide, un enchaînement d’aventures qui n’étaient pas seulement une suite de gags à répétition plus ou moins efficaces.
Francis Dubois
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