En des temps difficiles un meunier est contraint de vendre sa fille au Diable.
Protégée par sa pureté, celle-ci parvient à lui échapper mais, sur la demande de celui-ci, elle est privée de ses mains.
Dans sa fuite qui la conduit loin de sa famille, elle va rencontrer des personnages qui lui seront favorables : la déesse de l’eau, un doux jardinier et le Prince en son château qui va tomber éperdument amoureux d’elle.
Le Prince lui offre des mains de remplacement en or, l’épouse, mais alors qu’elle attend un heureux événement, il doit partir au combat.
Olivier Py, metteur en scène de théâtre avait écrit une adaptation pour la scène de « La jeune fille sans mains » des Frères Grimm, sous le titre « La jeune fille, le diable et le moulin « .
Sébastien Laudenbach s’est librement inspiré de cette adaptation pour écrire le scénario de son film revenu au titre initial.
Après avoir dû abandonner le projet d’une production classique faute de financement, le metteur en scène met à profit une résidence d’artistes et se lance seul dans une fabrication inédite, pour un film d’animation d’une telle durée.
Le film a été entièrement peint sur papier.
Il en résulte un travail qui donne une grande importance au dessin, un dessin léger avec des vides et qui ne trouve sa cohérence que dans sa mise en mouvement.
Contrairement à la majorité des films d’animation dans lesquels les images sont parfaitement finies, celles de « La jeune fille sans mains » paraissent souvent inachevées.
Et Sébastien Laudenbach aime à penser que cet inachèvement, volontaire ou pas, permettra au spectateur de laisser agir son imagination et de remplir ce qui lui semble manquer.
En dehors de cette particularité, le film s’inscrit dans la tradition du genre : époque indéterminée, pays lointain inventé, personnages qui sont plus des silhouettes que des caractères.
L’histoire est ancrée dans une nature métaphorique : le Diable polymorphe plus faune que démon, la déesse de la rivière guide de la protagoniste dans son voyage, une forêt sombre et un plateau montagneux favorable à l’isolement.
Au final, le dessin qui parait minimaliste, a un fort pouvoir évocateur et « La jeune fille sans mains » est une œuvre singulière qui, avec son tracé hésitant du crayon, restitue parfaitement l’univers du conte des Frères Grimm.
Francis Dubois
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