Paul et Ondine, deux tout jeunes gens, se sont aimés mais il aura suffi d’un léger différend, d’une broutille, pour qu’Ondine annonce à Paul que leur histoire est finie.

La rupture se fait sur le champ et, désespéré face à l’épreuve d’une séparation aussi brutale, Paul se promet à lui-même qu’il n’aimera plus jamais. Il fait le serment de renoncer définitivement à l’amour.

Pour confirmer sa décision, il séduit la belle Camille qu’il promet de délaisser dès qu’elle sera conquise.

Mais Camille est pourvue d’un pouvoir magique. A l’aide d’un mystérieux bijou, elle envoûte Paul qu’elle aime et qu’elle désire garder pour elle toute seule.

Et tandis que Paul tombe sous le charme de Camille à ne plus pouvoir se passer de sa présence, les fantômes de son amour passé le poursuivent.

Cinéma : La forêt des Quinconces
Cinéma : La forêt des Quinconces

A quatorze ans Grégoire Leprince-Ringuet débutait une carrière d’acteur dans «  Les égarés  » d’André Téchiné qu’il poursuivit sous la direction de Christophe Honoré («  Les belles personnes », « Les chansons d’amour « ) puis chez Guédiguian avec qui il tourna à plusieurs reprises ou encore chez Bertrand Tavernier («  La princesse de Montpensier « ).

Mais plutôt que de poursuivre une carrière de comédien prometteuse, Grégoire Leprince-Ringuet va très vite se diriger vers la mise en scène.

Après avoir réalisé un court-métrage il se lance dans l’écriture d’un scénario mêlant l’intrigue amoureuse et la poésie, dont le point de départ lui est donné par six ou sept poèmes sentimentaux qu’il a écrits des années plus tôt.

De l’association de ces poèmes allait se dégager un fil dramatique, une narration et bientôt se dessiner des personnages.

Son goût pour la poésie va l’amener, à mesure que se tisse l’intrigue, à écrire une partie des dialogues en vers qu’il s’agisse de traiter la dimension fantastique du récit ou à l’inverse, pour servir des situations concrètes ou austères.

La versification des dialogues ne débouche pas sur des envolées lyriques, elle peut se justifier dans le film de Grégoire Leprince-Ringuet, pour exprimer aussi bien le quotidien le plus ordinaire, le conflit ou la violence des sentiments et des actes.

Paul et Ondine s’aimaient. Ondine n’aime plus Paul mais elle ne voudrait pas rompre le fil de leurs relations. Paul veut prendre sa revanche sur l’abandon d’Ondine en faisant semblant d’aimer Camille. Mais Camille tombe à ce point amoureuse de Paul qu’elle veut le garder pour elle-seule et pour ce, a recours à des sortilèges, au pouvoir magique d’un bijou. Paul subit le pouvoir du bijou magique au point qu’il ne peut plus se passer de Camille même si le souvenir de l’amour d’Ondine le poursuit…

Ces fluctuations amoureuses ressemblent à un marivaudage qui se serait imprégné de l’univers de Jacques Rivette ou de plus loin, de celui de Boris Vian .Mais en dépit de ces références auxquelles il pourrait se rattacher, le film de Grégoire Leprince-Ringuet reste surtout une œuvre personnelle et courageuse.

On pourra lui reprocher des maladresses, quelques moments de « sur place », de ne pas être toujours à la hauteur de ses ambitions, mais on ne pourra surtout pas reprocher à ce jeune cinéaste de manquer d’audace, de ne pas aller jusqu’au bout de son sujet, ni de faire la moindre concession à la facilité

Son film est, de bout en bout, à rebrousse-poil de tout effet de mode.

Et de la même façon que le récit fonctionne sur des contrastes – jour/nuit, ville/nature, rêve/réalité, ciel/lac -, sur l’opposition entre les deux personnages féminins, le réalisme et le fantastique cohabitent avec une belle fluidité.

Ce film à contre-courant séduira un public friand d’un cinéma hors des sentiers battus.

Francis Dubois


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