Un soir, une heure après la fermeture, quelqu’un sonne à la porte du cabinet de Jenny, jeune médecin généraliste.

Celle-ci fait la sourde oreille, mais le lendemain elle apprend par la police qu’une jeune fille a été découverte sans vie, tout près de chez elle.

La vidéo-surveillance révèle que la victime était bien la personne qui, poursuivie par son assassin, avait sonné à la porte pour demander protection.

L’identité de celle-ci n’ayant pu être révélée faute de papiers sur elle, Jenny va tout faire pour qu’elle ait une autre sépulture que celle réservée aux morts anonymes.…

Cinéma : la fille inconnue
Cinéma : la fille inconnue

L’enquête acharnée que va conduire la jeune médecin pour retrouver l’identité de celle à qui elle a refusé protection quand elle se trouvait en danger, ne présentait pas assez de matière pour en faire un long métrage. Sand doute pour ça, Jean-Pierre et Luc Dardenne ont ajouté aux investigations auxquelles se livre Jenny, une histoire d’amitié ou d’amour sacrifiée entre la praticienne et son jeune stagiaire et de nombreux portraits de patients.

Ceux-ci apparaissent tout au long du film et parfois assez de temps pour qu’on s’attache à leur histoire et ils finissent par composer un pan à ce point important du film qu’il prend le pas sur les états d’âme et l’acharnement à rechercher du jeune médecin.

Même si l’on finit par apprendre que c’est le père d’un jeune patient de Jenny qui est impliqué dans le drame, la coïncidence étant un peu téléphonée, le lien entre les deux parties du film ne s’opère pas vraiment.

La réalisation virtuose rattrape certaines faiblesses du scénario mais pas suffisamment pour qu’on se passionne pour l’enquête parallèle que Jenny mène avec une obstination aveugle qui la mènera au bord d’un vrai danger.

L’histoire d’amour sacrifiée entre Jenny et Julien, le médecin stagiaire, sonne juste et apporte un vrai souffle. L’ambiguïté de la relation qui les lie (on ne saura jamais s’ils se connaissaient de longue date ou si l’amitié de Jenny pour Julien est récente, pas plus que ne se dévoilera vraiment la nature des sentiments qu’elle éprouve pour lui) vient en contre-point de l’enquête et apporte une touche de plus au portrait de Jenny.

Le meilleur du film de Jean-Pierre et Luc Dardenne revient à la présence et à l’interprétation d’Adèle Haenel, jeune comédienne révélée en 2007 dans «  La naissance des pieuvres  » de Céline Sciamma, « L’apollonide  » de Bertrand Bonello puis dans «  Suzanne  » de Katell Quillévéré qui lui vaut un César et surtout en 2014, et dans «  Les combattants  » de Thomas Caillez où elle expose littéralement dans un rôle très physique.

Elle est Jenny avec passion, une détermination farouche et autant de doute qu’elle a de certitude; autant de fragilité qu’elle montre de force.

Elle est absolument magnifique et on regrette pour elle que  » la fille inconnue  » qui, pour n’être pas le meilleur des films des Frères Dardenne, n’en est pas moins une œuvre forte tout à fait visible.

Francis Dubois


Bienvenue sur le blog Culture du SNES-FSU.

Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.

Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu