Samuel sauve Nouk de la noyade au moment où elle s’apprête à s’enfoncer dans les profondeurs du fleuve. Leur rencontre lui redonne goût à la vie avant que naisse entre eux une relation amoureuse.

Alors que leur amour grandit dans une belle harmonie, Samuel meurt dans un accident.

Alors qu’il se retrouve dans les nimbes, Nouk nourrit l’espoir fou de l’arracher au séjour des morts.

Cinéma : la fille et le fleuve
Cinéma : la fille et le fleuve

Selon ses propres propos, Aurélia Georges a souhaité réaliser « une fantaisie fantastique » dont l’idée lui est venue de son admiration pour Jacques Rivette et plus précisément pour certains de ses films, notamment «  Out One », «  la bande des quatre  » ou «  Histoire de Marie et Julien » .

«  La fille et le fleuve  » est un récit minimaliste qui a connu un long parcours avant de prendre sa forme définitive.

Il donna lieu, dans un premier temps, à un court métrage «  Le fleuve Seine  » avant que, faute de financement, le tournage ne soit repris à l’arrache, au gré des disponibilités des décors et des comédiens.

Le film, commencé en 2012 ne sera achevé qu’en 2013 et la majorité des séquences ont été tournées en équipe réduite comme pour un documentaire.

Outre les deux acteurs qui interprètent Samuel et Nouk (une bonne idée que d’avoir distribué le rôle de Nouk à Sabrina Seyvecou, un comédienne trop rare) le reste de la distribution est constituée d’acteurs en participation comme Serge Bozon ou Françoise Lebrun, d’amis réalisateurs ainsi Pierre Léon ou Marie-Claude Treilhou et quelques non acteurs comme l’attaché de presse Jean-Bernard Emery.

Le film joue avec des images connues de la mort mais en propose d’autres plus inattendues comme cet espace administratif et flottant du monde des morts où tout s’est organisé pour remplir le temps, où des employés du séjour des morts très protocolaires sont incapables de prendre en compte un élément encore vivant comme Samuel.

Autre parenté avec certain films de Jacques Rivette, la façon de filmer Paris avec une préférence pour un Paris déstructuré (quartiers déstructurés ou en travaux : Les Halles, les Buttes Chaumont) ou un Paris modeste (Nord de la ville, couloirs du RER) et la possibilité pour certains personnages croyant à l’invisible, à l’impossible, de communiquer avec l’au-delà.

Le charme et la faiblesse de «  La fille et le fleuve  » tiennent à la simplicité, voire à la naïveté parfois du récit, en même temps qu’à sa complexité, sa façon de brouiller les pistes.

Une question se pose à propos de ces productions de cinéma fabriquées « à l’arrache », c’est de savoir à quel public il s’adresse. On ne peut pas imaginer qu’un projet obstiné dont la réalisation s’est étendue sur deux années se contente d’une sortie confidentielle et d’une poignée de spectateurs pour venir voir le film qui en a résulté.

Le film vise-t-il une sélection dans des festivals («  La fille et le fleuve  » était à Cannes 2015 dans la section ACID) ? ou est-il là avec une intention militante, la reconnaissance de ces productions cinématographiques marginales qui, en existant, contribuent à réserver une place, fut-elle minuscule, à ce cinéma confidentiel, qui est un souffle nécessaire ?

«  La fille et le fleuve  » dans le cas où le film serait bien reçu par la critique, permettra-t-il à la réalisatrice Aurélia Georges dont le dernier long métrage «  L’homme qui marche  » remonte à 2008, de pouvoir mettre sur pied un projet dans des conditions de tournage plus confortables ?

Avec de nouvelles données prévisibles dans le mode de production de certaines chaînes télé, se trouverait-on à une période charnière ?

Francis Dubois


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