A cinquante ans passés, Térésa qui a passé sa vie au service de la même famille bourgeoise, et dont elle a élevé les enfants sans compter sa peine, se voit obligée d’accepter une autre place, loin de Buenos Aires.
Elle entame alors, avec les moyens que lui permettent ses maigres économies, un long voyage à travers l’immense désert argentin.
Elle est prise en charge à bord d’un camion mais après avoir quitté le véhicule, elle découvre qu’elle a oublié son sac qui contient tout ce qu’elle possède sous la banquette.
Le prétexte de « La fi ancée du désert » est mince : une femme entrée dans l’âge qui se retrouve seule et démunie et qui doit, survie oblige, fabriquer son futur à commencer par le présent immédiat, Il lui faut rejoindre Buenos Aires en traversant un désert alors que sa fonction de servante a réduit, de tout temps son univers au périmètre d’un intérieur bourgeois.
Le souci de sa survie va rendre Térésa téméraire et l’amener à se comporter de but en blanc comme une aventurière. Son audace doublée d’une grande part d’innocence la surprend. Elle lui procure une assurance sans doute factice mais qui lui permet de poursuivre. Jusqu’au moment où la perte de son sac la plonge dans le désarroi et la pousse à se rapprocher des hommes, et notamment de Gringo qui derrière ses airs machistes, se reconnaît sans doute dans la solitude de la femme qu’il a prise en charge.
«La fi ancée du désert » est un récit qui engloutit sa complexité dans une apparente simplicité narrative.
Et même si ce qui va arriver, si le dénouement de l’histoire sont prévisibles, ils n’entament jamais un intérêt sans cesse reconduit, soutenu par la présence à l’écran de Paulina Garcia qui donne un personnage d’autant plus déterminé à atteindre son but qu’elle a l’apparence d’une femme sans âge et fragile, dont la vraie beauté et la vraie force sont à découvrir.
Claudio Rissi lui donne la réplique avec bonhomie et générosité et une apparente forte personnalité qui vient en contre-point du personnage fragile de Térésa.
«La fi ancée du désert» porte un titre trompeur au premier abord. Mais il se justifie de plus en plus au fur et à mesure du récit et l’image finale qui montre Térésa, son maigre bagage à la main marchant le long d’une route, est celle d’une renaissance.
Francis Dubois
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