Céleste et Sihem sont arrivées le même jour, ravagées physiquement et psychologiquement, dans le même centre de désintoxication. D’humeur méfiante, voire hostile, elles vont cependant voir se sceller entre elles une amitié indestructible.
Leur renvoi du Centre pour insoumission au règlement et l’épreuve du monde réel et de ses tentations vont les renvoyer à toutes sortes de dangers et précarités. Le vrai combat va commencer, celui de l’abstinence et de la liberté. Mais vont-elles y parvenir?
Le film de Marie Garel-Weiss, bien qu’étant le énième sur le sujet de la dépendance à la drogue et sur la tentative de désintoxication, échappe cependant aux nombreux clichés qui menacent ce genre d’entreprise. Vu sous l’angle d’une solide amitié entre les deux protagonistes et relayé par un duo d’actrices splendides, « La fête est finie» jouit d’une sorte de grâce, d’une force singulière, d’une espèce de lisibilité seconde entre les lignes du récit.
La construction du film épouse l’aridité du sujet et de son traitement, la force des sentiments qui unissent Céleste et Sihem est soulignée au point qu’ elles paraissent s’étonner du fait qu’elles puissent en être capables.
Car ce que le film de Marie Garel-Weiss raconte en substance c’est la rencontre opportune de deux êtres handicapés affectifs, de deux boiteux du cœur que la vie a privés jusque là du plaisir d’une vraie présence complice. L’entourage de ces deux filles a fui ses responsabilités sans doute par peur de découvrir au-delà de la «partie visible de l’iceberg» l’étendue considérable des dégâts.
La question à laquelle le film répond est la suivante : dans le cas de dégâts extrêmes, existe-t-il dans un être humain une force insoupçonnée qui lui permettrait non seulement de rebondir, mais aussi d’avoir assez de force pour venir en aide à d’autres ?
La seule réserve qu’on pourrait faire à ce film puissant, aride et chaleureux concerne des scènes de réunions entre personnes dépendantes d’une drogue. N’y aurait-il pas des astuces de mise en scène qui éviteraient que ces moments soient aussi semblables d’un film à l’autre, comme si on avait opéré des copier-coller ? Un travail sur le hors champ par exemple, qui éviterait à un film aussi solide et généreux que « La fête est finie » à chacune de ces séquences, de tomber dans la banalité.
Francis Dubois
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