Le jeune Reynaldo accepte de participer à un cambriolage qui devait se dérouler sans encombres. C’était compter sans la présence d’un chien de garde.

Le cambriolage tourne mal. Son frère et un ami avec lequel il s’était associé sont arrêtés, alors que lui, en possession du magot, a réussi à s’enfuir.

Au cours de sa fuite pour échapper à la police, il fait une chute, brise les vitres d’une serre et se retrouve face à un couple vieillissant qui, contre toute attente, ne le dénonce pas.

Carlos Vargas lui propose un marché ; lorsqu’il aura fini de réparer la serre qu’il a détruite, il lui rendra sa liberté. Mais ce que Carlos ignore c’est que Reynaldo a dissimulé l’argent du cambriolage dans une cachette de la serre.

Pendant les temps morts entre deux phases de la réparation de la serre, Carlos va initier le jeune garçon à des exercices inattendus : tir au fusil et à l’arme courte…

La reconstruction de la serre va laisser au vieil homme et à l’adolescent le temps de se rapprocher et de s’engager dans un état de confiance mutuelle.

cinéma : La educacion del rey
cinéma : La educacion del rey

A la base du projet du film, Santiago Esteves explore plusieurs sources : la fascination pour les codes de l’enseignement de la chevalerie médiévale vivant à former les chefs et les guerriers, l’idée de l’éducation d’un futur «roi», la relation d’un «élève» et de son «maître» et la transformation progressive de l’élève en nouveau type de leader, la rencontre entre des méthodes anciennes et leur adaptation à une réalité contemporaine.

Une frange importante de la jeunesse argentine appartient à la troisième génération de pauvreté structurelle : leurs ascendants sont pauvres ou l’ont été au cours de leur vie et eux se vivent comme des marginaux pour qui le délit apparaît comme un moyen de survie sociale et économique.

L’image de l’enfant délinquant a été popularisée par les médias et les jeunes des classes défavorisées ont été stigmatisées par cette appellation.

L’histoire du cambriolage du film est inspirée de plusieurs faits divers dans lesquels la police utilise de jeunes marginaux pour commettre des délits dont elle récolte les avantages.

Le Carlos du film a pris sa retraite et tout ce qu’il savait, tout ce pourquoi il était doué est devenu tout à coup obsolète, inutile. C’est à ce moment de sa vie finissante qu’apparaît Reynaldo qui se montre d’une grande vulnérabilité face au monde délinquant auquel il appartient. C’est ce qui incite Carlos à enseigner au jeune homme des valeurs qui vont l’aider à survivre.

Sur un canevas plutôt convenu, Santiago Esteves a suivi un fil conducteur original qui introduit entre les différents protagonistes une espèce de marge trouble. Et si le récit se découvre dans les tout derniers moments, il y persiste les séquelles d’une ambiguïté qui font toute la valeur de sa démarche narrative.

On s’interroge longtemps après la fin du film et les réponses qu’on peut trouver à cette histoire offrent plusieurs pistes de possibilité…

A partir d’un sujet pas très neuf autour des rapports entre le maître et l’élève, Santiago Esteves a construit, sans bousculer les règles du genre mais avec beaucoup de subtilités, une œuvre singulière et attachante.

Francis Dubois


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