Quand on lit le point de départ du film, on pouvait craindre à une reproduction de clichés sur une école primaire du 9 – 3. Heureusement, il n’en est rien et cette comédie à la fois légère et grave évite ce piège. Soient deux jeunes PE qui sont nommés dans une école primaire, Jacques Prévert, dans le 93, visiblement à la limite de Paris (probablement Aubervilliers dont sont issus les deux cinéastes). Iels galèrent à trouver le chemin de l’école le jour de la rentrée, au milieu de tours qui se ressemblent toutes et des travaux. C’est leur premier poste. Lui (Sérigne M’Baye) est un peu bourru et elle, Marion (Anaïde Rozam), pleine d’entrain, sort d’une vie dans une communauté paysanne et veut apporter son expérience à ses élèves. Et puis, il y a la directrice (Rachida Brakni) qui lutte pour que les bons élèves ne demandent pas de dérogation pour aller dans la nouvelle école, au milieu de nouvelles résidences pour bobos, où on leur promet de meilleurs résultats (comprendre comme le dit une mère de famille maghrébine, « ils sont où les vrais français, les blonds » !). Face à cette nouvelle « éco-école », l’idée de Marion soutenue par la directrice puis, par ses collègues, c’est de créer une école « verte » tout en apprenant.
Cela peut paraître énorme et justement « bobo » mais cela ne l’est pas et tout est amené assez subtilement, à commencer par un IEN qui dit ne rien pouvoir faire pour sauver l’école et qui veut mettre un blâme à la directrice quand il découvre son projet. Ou bien face à la pénurie de remplaçant-e-s propose de s’adresser à Pôle Emploi, ce qui nous permet de voir débarquer Gilbert Melki complètement lunaire. À noter dans les seconds rôles intéressants aussi et, faisant partie de l’ « équipe enseignante » de l’école, Mourad Boudaoud et Raphaël Quenard (que l’on avait déjà aperçu l’an passé dans Fragile).
C’est un constat juste, amère mais aussi avec un peu d’espoir de l’état de l’éducation, particulièrement en zone sensible et comment les politiques actuelles empêchent notamment toute mixité sociale. Le ton n’est jamais larmoyant, on rit et on s’identifie facilement aux protagonistes. C’est la première fiction du duo de réalisateurs et le film fut présenté en séance spéciale au dernier festival de Cannes où il reçut bon accueil.
Olivier Sillam
Un film de Carine MAY et Hakim ZOUHANI, sortie prévue le 28 septembre 2022
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