Quelques mois avant la fin de la guerre, en 1944, une jeune femme communiste, mère d’une petite fille et dont le mari est retenu prisonnier en Allemagne, tisse des liens avec le jeune prêtre nouvellement affecté dans la paroisse.

Si le dialogue qu’ils échangent porte sur la foi, l’existence de Dieu et s’ils développent des théories qui s’opposent, vont bientôt s’immiscer dans leur relation des sentiments prompts à transformer une relation intellectuelle en une relation amoureuse. Un écueil qu’ils s’interdisent, l’un et l’autre, avec une volonté inégale.

Cinéma : La confession
Cinéma : La confession

En 1952, Béatrice Beck publie « Léon Morin, prêtre », une œuvre littéraire puissante que Jean-Pierre Meville va adapter pour le cinéma en 1962. L’adaptation, fidèle au roman débouche sur un film culte qui réunissait Emmanuelle Riva que le public vient de voir dans « Hiroshima mon amour » et, à son début de carrière, Jean-Paul Belmondo dans une prestation inattendue.

«La confession»» de Nicolas Boukhrief n’est pas un remake du film de Jean-Pierre Melville. C’est une adaptation libre du roman de Béatrice Beck.

Le sujet central du livre est intact mais on pourrait dire, sans que ce soit réducteur, qu’il s’agit d’une interprétation plus romanesque de la rencontre d’une jeune femme athée avec un prêtre.

La reconstitution soignée, presque appliquée de cette période de fin de guerre est irréprochable et les atmosphères sont bien rendues, notamment le bureau de poste où travaille Barny, entourée de ses collègues, des personnages justes et savoureux, qui échappent aux clichés.

Que dans l’adaptation de Nicolas Boukhrief, Barny ne soit plus veuve mais une jeune femme en attente du retour de son mari, prisonnier en Allemagne, ne change pas grand chose. Pas plus que le fait de resserrer la période du film sur les derniers mois de la guerre, et non pas, comme dans le roman, sur toute sa durée.

Peut-être plus contestable l’idée de la scène où, après avoir trébuché dans l’escalier, Barny se retrouve retenue quelques instants dans les bras de Léon Morin.

Le film de Nicolas Boukhrief a une ampleur qui le rend beaucoup moins austère que le roman et que ne l’était le film très épuré de Jean-Pierre Melville.

Les décors, les costumes ont une grande importance et le travail sur la lumière est très soigné.

Mais il y avait un piège à apporter à la reconstitution de l’époque, une telle dimension narrative et ayant parfois recours à l’anecdote : c’était de ne pas éviter les clichés sur l’époque, cette impression de «déjà vu» auquel le film de Jean-Pierre Melville, dans sa rigueur, échappait totalement.

Il faut donc, pour savourer pleinement le travail de Nicolas Boukhrief, oublier les adaptations précédentes du roman de Béatrice Beck (cinéma par Melville et télévision par Pierre Boutron) et se rendre à ses qualités qui sont nombreuses depuis l’esthétique du film, les qualités de la reconstitution ainsi que de jeu virtuose de ses interprètes.

A commencer par Marine Vacth (« Jeune et jolie» chez François Ozon) magnifique dans le rôle de Barny et qui en donne un personnage presque opaque mais brûlant d’un vrai feu intérieur ;

Romain Duris à son meilleur, presque frêle et cependant tellement solide.

Les rôles secondaires, très bien dessinés ne sont pas en reste .On peut saluer l’énergie touchante qu’Anne Le Ny donne à son personnage de receveuse des Postes.

Une lecture personnelle du roman de Béatrice Beck. Mais le thème est intact et le traitement passionnant.

Francis Dubois


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