Malgré un doctorat en philosophie, Pierre-Paul Daoust est chauffeur pour une société de livraison.
Un jour, il assiste à un hold-up au cours duquel deux des trois malfaiteurs sont abattus, abandonnant aux pieds du témoin, deux gros sacs remplis de billets de banque. Celui-ci, victime du pouvoir irrésistible de l’argent, sans avoir le temps de réfléchir, charge le butin à l’arrière de la camionnette.
Cet acte irréfléchi qui ne lui ressemble pas va bouleverser sa vie et mettre sur sa route une escort- girl dont il va tomber amoureux, un ex taulard qui a plus d’un tour dans son sac et un avocat d’affaires roublard.
Autant de rencontres qui vont le conduire à faire le meilleur usage de l’argent et lui permettre de satisfaire ses penchants altruistes.
« La chute de l’empire américain » est le troisième volet d’un cycle qui dans « Le déclin de l’empire américain » traitait du sexe et « Les invasions barbares » de l’argent.
Ici le personnage principal, Pierre-Paul est un candide, un être charitable toujours prêt à s’occuper des rejetés, des miséreux, des SDF.
Il n’est pas très à l’aise avec les femmes, vit seul au milieu des livres mais dès qu’il aura admis que la récupération du magot n’est pas forcément l’acte que la morale réprouve, il sera libéré du poids du doute.
Le film de Denys Arcand mélange intimement et avec un vif bonheur, différents genres cinématographiques. Il est tout à la fois un film policier convaincant, un thriller haletant, une histoire d’amour qui assume totalement les clichés, une comédie souvent irrésistible, un regard sans concessions sur le pouvoir de l’argent et sur l’immunité qui protège « naturellement » les individus influents capables au moment opportun, de jouer la carte de la solidarité.
La mise en scène est conçue comme une sorte de jeu de piste rythmé où chaque personnage apparaît avec malice, jubilation et à bon escient pour relancer le mécanisme narratif dans un mouvement toujours inventif, toujours surprenant.
C’est un conte qui va jusqu’au conte de fée si l’on s’en tient aux dernières séquences qui joue de façon savoureuse sur un angélisme assumé.
Face à un personnage central qui prend ses distances avec la bonne morale mais pour la bonne cause d’une juste redistribution de l’argent, tous les autres personnages se rallient à la bonne cause : l’escort-girl au grand cœur, l’ancien truand reconverti ou l’avocat d’affaires qui à ses faiblesses d’homme, un couple de policiers intègres.
Quand le cinéma de divertissement rejoint l’intelligence, la nuance, la subtilité et l’élégance, on a ce film de Denys Arcand savoureux, malicieux à la fois grave et, sur un plan narratif, tellement aérien.
Il faut y courir sans hésiter pour avoir le plaisir de sortir d’une salle de cinéma heureux !
Francis Dubois
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
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