Paulette Van Der Beck est la directrice d’une institution pour jeunes filles dont l’enseignement se résume à faire d’elles de futures parfaites épouses et maîtresses de maison. Ce genre d’établissement fonctionnait jusque là avec la plus grande docilité de la part des élèves mais nous sommes en 1968 et des idées subversives se mettent à germer dans l’esprit des jeunes filles et le vent de l’émancipation menace l’édifice, ces établissements qui visaient à faire d’elles de « parfaites épouses ».
Paulette Van Der Beck est secondée dans sa mission par Gilberte sa belle-sœur chargée de l’enseignement de la cuisine et par Sœur Marie-Thérèse à qui revient l’art de la tenue et des bonnes manières.

Cinéma : La bonne épouse
Cinéma : La bonne épouse

Le film de Martin Provost est une comédie qui fait feu de tout bois et c’est peut-être dans l’accumulation des clichés, dans l’art d’accommoder les poncifs, dans le jeu stylisé des interprètes que réside l’intérêt d’un cinéma cousu de fil blanc sauvé par l’explosion de la libération.
Il faut avoir le talent de Juliette Binoche, l’intelligence de jeu de Noémie Lvovski pour accepter de donner aujourd’hui, seulement cinquante ans plus tard, une telle image de la femme.

L’une et l’autre avec des façons différentes parviennent à laisser apparaître derrière la charge des situations et des dialogues, derrière la caricature assumée des personnages figés dans leur époque, la force de la réalité.

La première école professionnelle et ménagère ouvre à Reims en 1873. Elles n’ont pas l’exclusivité de l’enseignement ménager puisque la discipline est inscrite dans les programmes de l’école primaire pour filles avec la création d’un CAP Arts ménagers. Et en 1948 est crée le Prix Fée du logis. A partir des années 1960 l’image de la femme exclusivement ménagère disparaît progressivement et ces écoles deviennent inutiles. Au début des années soixante-dix, elles disparaîtront définitivement.

C’est dans cette période charnière, celle de 67-68 que Martin Provost situe son histoire alors que le déclin de cet enseignement s’amorce, que les établissements voient leurs effectifs baisser, que 68 est le départ d’une formidable prise de conscience et qu’apparaît et ne cesse de se développer un mouvement d’émancipation des femmes.

L’imagerie véhiculée par ces écoles est à la fois infiniment drôle et terrifiante et la seule façon d’aborder le sujet pour Martin Provost est un traitement stylisé, des dialogues ciselés, un rythme soutenu avec ici ou là, des moments d’émotion.

Il y a tout au long de «  La bonne épouse  » des marqueurs de l’époque avec les personnages et chanteurs mythiques de cette époque : les chanteurs Adamo, Jules Dassin ou les figures célèbres de la télévision Guy Lux ou Anne-Marie Peysson qui sont les repères du temps où on parlait de province et non pas encore de régions.

Martin Provost voulait de longue date, travailler avec Juliette Binoche. On a tendance à penser, face à ce que cette comédienne « multiple » fait du personnage de Paulette, qu’elle était la seule à pouvoir l’interpréter, à aller jusqu’à la caricature sans jamais déborder certaines limites au-delà desquelles on risquait de tomber dans le ridicule.

Yolande Moreau n’est pas en reste avec le personnage de la cuisinière qui enseigne l’art des fourneaux à toutes ces futures « bonnes épouses ».

Et surtout Noémie Lvovski, méconnaissable en bonne sœur, toujours inattendue et toujours parfaite.

Un divertissement qui mesure le temps considérable franchi en cinquante années..

Francis Dubois


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